Andreas Deja est un artiste d'origine polonaise, né en 1957. Faisant partie de la nouvelle génération d'animateurs des Walt Disney Animation Studios, depuis le début des années 1980, il est considéré comme l'un des plus influents artistes de la société, au même titre que Glen Keane et Mark Henn. Formé par les anciennes figures de l'âge d'or de Walt Disney, il est notable pour avoir donné naissance à des iconiques méchants pendant la période du second âge d'or : Ces antagonistes comprennent Gaston, de la Belle et la Bête, Jafar dans Aladdin, et Scar du Roi lion.
Biographie[]
Années de jeunesse[]
Andreas Deja est né le 1er avril 1957 à Gdansk, une ville de Pologne,[1] aussi connue autrefois sous le nom de Dantzig. Un an après sa naissance, il emménagea avec sa famille à Dinslaken, sur le Rhin, en Allemagne.[1] Vivant dans une famille de la classe moyenne inférieure, il éprouva une admiration très précoce pour Walt Disney, ses films, ses courts métrages et bandes dessinées avec Mickey Mouse, à un point tel, que le dessin, devient son centre d'intérêt prioritaire.[1] C'est en regardant à l'âge 11 ans, le célèbre film d'animation du Livre de la Jungle (sorti en Allemagne de l'Ouest le 13 décembre 1968), qu'il eut la révélation de sa vie : devenir animateur chez Disney.[1]
Pour obtenir une place dans ce royaume magique exigeant, Andreas passa son adolescence à suivre des cours de dessins, sur des modèles vivants, et en allant fréquenter les parcs zoologiques pour croquer les animaux et étudier leurs mouvements.[1] Entretemps, il se lie d'amitié avec Hans Bacher, un autre étudiant et futur artiste, chargé de développement visuel, notamment pour le film Mulan.[1] Après son service militaire et sa scolarité dans l'école d'art qu'il a fréquenté pendant trois ans, Andreas entra en contact, par courrier, avec un vétéran de l'ancienne garde des Nine Old Men, Eric Larson, responsable de diffusion de l'instruction sur l'art de l'animation aux nouvelles recrues. Il eut la chance de le rencontrer en personne quand Larson fut de passage en Allemagne.[1]
Arrivée chez Mickey et premiers travaux[]
L'entretien avec Eric Larson, et son approbation positive pour prendre Deja dans son centre de formation, permit à Andreas, d'aller s'installer aux États-Unis en 1980.[1] Andreas rencontra les autres anciennes grandes figures des Walt Disney Animation Studios, comme les autres membres de l'élite des Nine Old Men : Frank Thomas et Ollie Johnston, les auteurs d'un livre sur l'art du dessin animé qu'ils allaient publier deux plus tard The illusion of life, Marc Davis, Ward Kimball, Wolfgang Reitherman, et celui qui allait être son principal mentor, Milt Kahl, celui qui a donné vie à Shere Khan, le tigre dans Le Livre de la Jungle, que Deja avait visionné dans sa jeunesse.
Le portfolio que Deja s'était constitué pour valider sa candidature a été apprécié et salué par les animateurs seniors. Cela accorda à Andreas, de travailler pour la première fois comme animateur de personnage, sur Taram et le Chaudron magique, un long métrage de la période obscure du studio Disney, qui fut mal accueilli pour son aspect sinistre. Sur ce film, Andreas donne vie aux protagonistes, notamment Taram, la princesse Éloïse (Eilonwy), l'enchanteur Dalben, et l'antagoniste principal qu'est Seigneur des Ténèbres. Au cours de la production, il fait la connaissance du futur cinéaste Tim Burton, dont les développements visuels proposés dans son style pour Taram et le Chaudron magique, furent refusés par les supérieurs. Bien que le film soit un échec lors de sa sortie, il permit à Andreas d'expérimenter et de mettre en pratique ce qu'on lui a enseigné pour s'attaquer à d'autres réalisations.
À la veille de la renaissance[]
Pour le film suivant Basil, Détective Privé, Andreas Deja, dessine une souris souveraine, proche de la personnalité historique de Victoria d'Angleterre, la Reine Moustoria.[1] Il participa à la conception des personnages d'Oliver et Compagnie, bien qu'après, l'animateur, n'ayant pas ressenti d'enthousiasme pour ce projet, et étant marqué par la perte de Pete Young, un scénariste, quitta le projet.[1] Deja se tourne vers Richard Williams, sur le projet étonnant du film de Robert Zemeckis, mêlant animation et prise de vues réelles, Qui veut la peau de Roger Rabbit ?.[1] Il contribuât à l'animation du personnage principal et des autres membres animés de la distribution (Bébé Herman, Benny le Taxi, les Furets de la Doom Patrouille, notamment le chef appelé Smart Guy) sauf la plantureuse Jessica Rabbit.[1] Il crayonna aussi quelques personnages furtifs et mineurs, comme un gorille videur d'un club, et Hyacinth Hippo et Madame Upanova, deux personnages originaires de Fantasia.[1]
Andreas Deja rejoint l'équipe d'animation pour le film qu'il allait faire renaître la magie de la société Disney dans les années 1990. Dans le film La Petite Sirène, d'après Hans Christian Andersen, Deja est nommé superviseur de l'animation, en mettant en scène le roi Triton, père surprotecteur d'Ariel, souverain d'Atlantica et misanthrope extrême.[1] Pour la conception, Andreas s'est inspiré de nombreuses œuvres européennes et a donné au personnage une sensation très sculptée, mais il est suffisamment américanisé et caricaturé pour être attrayant à regarder.[1] Très souvent l'animateur l'a présenté avec des expressions sévères, comme en attestent ses rapports conflictuels avec Ariel.[1] Après Triton, Andreas ne participe pas à la production de Bernard et Bianca au pays des kangourous, pour se concentrer sur le court métrage présentant son idole depuis tout petit, Mickey, et son sosie, dans l'adaptation du roman de Mark Twain en dessin animé, Le Prince et le Pauvre.[1]
Les grands méchants du deuxième âge d'or[]
C'est durant la période de la renaissance Disneyienne, que l'on reconnaît Andreas Deja, comme un artiste célèbre pour avoir mené sa « trilogie » d'antagonistes principaux, notamment deux, désignés pour être les membres les plus importants de la franchise Disney Villains. Dans La Belle et la Bête, Deja nous présente le grand musclé, beau et orgueilleux Gaston.[1] Contrairement aux autres méchants de Disney qui avaient un physique pas très attirant, tout ce qui faisait l'archétype du méchant traditionnel, Gaston était tout le contraire, un homme esquissé et traité de manière assez conventionnel.[1] D'apparence, c'est un homme à femme charmant, mais qui se révèle être égoïste, manipulateur, borné, malhonnête, et cruel.[1] Deja résout cela en faisant de Gaston un homme très costaud, viril et beau en apparence mais en lui donnant des expressions qui montrent quelqu'un qui n'est pas chaleureux et qui est assez prétentieux et insincère.[1] C'est d'ailleurs le premier méchant qui connaît une évolution progressive de son personnage tout au long de l'intrigue : au départ, il est suave, stupide et agaçant, avant de devenir méchant, monstrueux et sans-cœur. Pour l'opposer à Belle, qui est vêtue de bleu, il porte des habits constitués de rouge et de noir (même ses cheveux sont noirs), des couleurs traditionnelles dans la représentation graphique des méchants de Disney.
Le deuxième antagoniste est le grand vizir, Jafar dans Aladdin, que conçoit Andreas Deja. Au départ, le méchant devait avoir un caractère puissant : il était prompt à s'énerver et à faire des crises de colères,[1] comme chez des Méchants de Disney classiques comme Stromboli, la Reine de Cœur, Capitaine Crochet, Cruella d'Enfer, le Prince Jean et Madame Médusa. Cependant, la plupart des personnages d'Aladdin étaient très caricaturaux, flamboyants et extravertis. Cela a fait penser à Deja qu'il serait préférable de rendre Jafar plus sobre et calme dans sa caractérisation, donnant un bon sens du contraste entre lui et les autres personnages.[1] Dans le design, Jafar, comme pour Gaston, porte une tenue honorifique sombre avec du rouge et du noir,[1] des couleurs une fois encore utilisées pour opposer les protagonistes qui sont souvent visibles avec du bleu et des couleurs claires (comme Génie, Jasmine et Aladdin dans sa tenue de prince Ali). Il est aussi construit à partir de traits verticaux et raides, contrairement aux autres personnages érigés avec des courbes et des lignes incurvés,[1] comme le demandait le style graphique adopté. Andreas avoue, qu'il a été très influencé par l'œuvre de Marc Davis, ancien vétéran des Nine Old Men, sur la sorcière de La Belle au bois dormant, Maléfique, que Marc avait esquissé.[1]
Le dernier antagoniste de cette trilogie, est un lion, à la crinière noire et qui envie la place de son frère aîné, Mufasa, roi actuel de la Terre des Lions, et qui connaîtra un malheureux destin tragique. Pensant que le film sur lequel il allait participer allait rapporter quelques choses de phénoménal avec des lions, les acteurs de ce futur long métrage (qualifié comme le plus rentable de l'histoire de l'industrie cinématographique de l'animation), Andreas Deja, s'oriente vers le Roi lion, à la place de Pocahontas, avec les artistes comme Ruben A. Aquino, Mark Henn, Tony Fucile et Russ Edmonds et élabore l'antagoniste principal qu'est Scar, l'oncle de Simba.[1] Scar s'est révélé être un défi pour l'animateur pour deux raisons distinctes. Comme pour tous les lions du film, Scar devait ne pas présenter trop d'aspect lié à l'anthropomorphisme. De plus, en comparaison à Jafar, il est très réservé et parle plus par des actions subtiles.[1] Scar est un vrai menteur et non seulement il dissimule ses émotions, mais il fait semblant d'en avoir qui sont complètement à l'opposé de celles qu'il a.[1] L’animateur traite de beaucoup d’émotions très réelles et puissantes qu’il a mises dans le personnage : le ressentiment, la jalousie, un désir de pouvoir et d’attention, un manque total de sensibilité et d’honnêteté, et surtout une totale acceptation du mal.[1] Un autre élément particulièrement utile de Scar est la performance vocale de Jeremy Irons, qui s’est avérée être une grande source d’inspiration pour l’animateur.[1]
Un vrai héros et une petite hawaïenne[]
Andreas retourne sur l'animation de Mickey dans le court métrage Mickey perd la tête, au cours duquel, on le voit comme la souris sympathique avec laquelle tout a commencé, avant que son cerveau soit permuté avec celle d'un monstre créé par un scientifique fou.[1] De retour de Paris, Deja est approché par Kirk Wise et Gary Trousdale pour une mission sur Le Bossu de Notre-Dame, superviser l'animation du Juge Claude Frollo.[1] Sauf que Deja, ayant réalisé trois méchants significatifs, avait souhaité se lancer dans un autre genre de personnage : les protagonistes. Il songea au personnage d'Esméralda, exceptée qu'elle est déja confiée à Tony Fucile.[1] Deja rejoint du coup John Musker et Ron Clements pour la production d'Hercule, où une fois dans l'équipage, il refusa tout de suite, de superviser l'animation d'Hadès, car las pour l'instant, d'animer des méchants. Il obtient donc la mission de superviser l'équipe chargée d'animer Hercule dans sa forme adulte,[1] pendant que Randy Haycock s'occupe de la version adolescente et bébé du personnage titulaire. Hercule est l’un des personnages principaux masculins les plus vivants et les plus proactifs de l’histoire de Disney qu'ait dessiné Andreas.[1] Au lieu d’être rigide et ennuyeux comme tant d’autres héros, il est charmant, très sympathique, sincère, chaleureux, honnête et déterminé à faire quelque chose qui lui tient vraiment à cœur.[1]
Arrive ensuite l'ère expérimentale, une période durant laquelle, les studios Disney changent de registre, en proposant de faire découvrir des longs métrages dans des univers mélangeant souvent des prises de vues réelles avec animation générées par ordinateur, des films avec des personnages totalement originaux, et des histoires totalement inédites, et des histoires basées sur des œuvres de fictions littéraires, mais qui se déroulent dans un tout autre univers et dans une tout autre époque. Quand Kingdom of Sun (plus tard intitulé Kuzco, l'empereur mégalo) est chamboulé à plusieures reprises, Deja, qui devait animer et superviser l'antagoniste du film, Yzma, se retira de la production pour aller se concentrer sur la petite Lilo,[1] celle-ci partageant l'affiche du film Lilo et Stitch avec un extraterrestre tout bleu et mignon. Il la dessine depuis les locaux annexes de Walt Disney Animation Studios, situés en Floride dans le parc de Disney's Hollywood Studios.[1] L'animation de Lilo par Deja est un point culminant absolu de sa carrière et montre qu'il pouvait animer avec une intuition et une chaleur que l'on ne retrouve pas dans la plupart de ses autres travaux.[1] Se rappelant des conflits qui régnaient entre ses sœurs, il utilisa ses disputes dont il a le souvenir pour les illustrer entre Lilo et sa grande sœur Nani.[1]
De la transition au renouveau[]
Andreas intègre ensuite l'équipe de Dale Baer, pour participer à l'animation de l'antagoniste principal de La ferme se rebelle, Alameda Slim.[1] Le dernier film susmentionné mettait fin à l'animation traditionnelle en 2D, pour laisser place à l'animation générée par ordinateur, avec les films suivants : Chicken Little, Bienvenue chez les Robinson et Volt. Deja refuse de suivre la tendance de cette conversion vers l'animation en 3D, et poursuivit son travail dans l'animation traditionnel à la main. Il est nommé consultant sur Bambi 2, et œuvra pendant six mois en Australie.[1] Il intégra juste après un studio d'animation fondé par un de ses anciens collègues James Baxter, pour prendre part à l'animation présente dans le film Il était une fois : dans l'intrigue, il réalisa les plans animés sur l'antagoniste, un mélange entre la « Méchante Reine » de Blanche-Neige et « Maléfique » de la Belle au bois dormant, la Reine Narissa.[1]
Quand on aborde La Princesse et la Grenouille, un film renouant avec l'animation traditionnelle en 2D, Andreas Deja, saute sur l'occasion, et reçoit la mission de superviser la vieille sorcière vaudoue, Mama Odie, et son serpent de compagnie, Juju.[1] La séquence musicale Creuse Encore et Encore, est une excellente scène réalisée par l'animateur. Sur le dernier long métrage animé en 2D, Winnie l'ourson, Andreas s'inspire des travaux de son mentor Milt Kahl, pour dessiner Tigrou, le pelucheux tigre bondissant de la Forêt des Rêves Bleus.[1]
Au-delà de l'animation[]
Andreas Deja continue de travailler en tant qu'animateur sur d'autres projets. Depuis 2011. Il a publié son blog « Deja View » accessible au public, et y publie régulièrement des articles liés à ses dernières réalisations, ses travaux anciens au studio Disney et des travaux archivés sur les anciens artistes du temps de l'âge d'or de Walt Disney. Il rédige également des ouvrages littéraires consacrés aux animateurs pour étudier les grandes figures influentes, comme les neuf vétérans du studio, présenté dans un livré publié en 2015, « The Nine Old Men: Lessons, Techniques, and Inspiration from Disney's Great Animators ».
À l'occasion du 55e anniversaire du Livre de la Jungle, le film qui a fait naître la vocation et l'amour d'Andreas pour l'animation, le Walt Disney Family Museum, a organisé une exposition sur le film précité, qui s'est tenu du 23 juin 2022 au 8 janvier 2023. L'artiste présida l'inauguration de l'exposition en compagnie des personnalités qui ont collaboré sur le film, Darleen Carr, la voix de Shanti, l'animateur vétéran Floyd Norman, et Bruce Reitherman, fils de Wolfgang, le réalisateur, ainsi que la voix de Mowgli.
En 2023, il réalise son tout premier film, intitulé Mushka.
Filmographie[]
| Année | Film | Poste(s) | Personnage(s) |
|---|---|---|---|
| 1985 | Taram et le Chaudron magique | Supervision de l'animation et conception de personnages | Taram, Eilonwy, Dalben, Gurgi, Ronchon, Seigneur des Ténèbres et Elfes |
| 1986 | Basil, Détective Privé | Animateur de personnages | Reine Moustoria |
| 1988 | Qui veut la peau de Roger Rabbit ? | Supervision de l'animation | Roger Rabbit |
| 1988 | Oliver et Compagnie | Conception de personnages | |
| 1989 | La Petite Sirène | Conception de personnages / Animation en chef / Supervision de l'animation | Roi Triton |
| 1990 | Le Prince et le Pauvre | Supervision de l'animation | Mickey Mouse et le Prince |
| 1991 | La Belle et la Bête | Supervision de l'animation | Gaston |
| 1992 | Aladdin | Supervision de l'animation | Jafar |
| 1994 | Le Roi lion | Supervision de l'animation | Scar |
| 1995 | Mickey perd la tête | Supervision de l'animation | Mickey Mouse |
| 1996 | Couacs en vrac | Animation en chef / Supervision de l'animation | Trompeuses apparences (épisode) |
| 1997 | Hercule | Supervision de l'animation | Hercule (forme adulte) |
| 2000 | Fantasia 2000 | Animation / Animation de personnages | Rhapsody in Blue / Mickey Mouse (Séquence post Apprenti sorcier) |
| 2000 | Kuzco, l'empereur mégalo | Chargé de développement visuel supplémentaire | |
| 2002 | Lilo et Stitch | Supervision de l'animation | Lilo Pelekaï |
| 2004 | La ferme se rebelle | Animation | Slim et Junior |
| 2004 | Mickey, il était deux fois Noël | Consultant en animation | |
| 2006 | Bambi 2 | Consultant en animation | |
| 2007 | Il était une fois | Animation | Reine Narissa |
| 2007 | Comment brancher son home cinéma | Animation | Dingo |
| 2009 | La Princesse et la Grenouille | Supervision de l'animation | Mama Odie et Juju |
| 2011 | La Ballade de Nessie | Supervision de l'animation | Nessie |
| 2011 | Winnie l'Ourson | Chargé de développement visuel / Supervision de l'animation | Tigrou |
| 2017 | Happily Ever After | Animation | Jafar (forme serpent) |
Galerie[]
Anecdotes[]
- Andreas Deja est ouvertement gay. Sa sexualité a été évoquée comme une influence sur le développement de certains personnages de Disney.
Références[]
Liens externes[]
Voir aussi[]
- Blog d'Andreas Deja « Deja View »























