« | C'est curieux à quel point un artiste peut souvent se tromper à propos de son œuvre. Et parmi ses compositions, il y en avait une que Tchaikovski détestait, c'était son Casse-noisette. Mais c'est probablement son œuvre la plus connue. C'est une série de danses, le morceau de bravoure d'un ballet intitulé Casse-noisette qu'il avait composé pour l'Opéra de Saint-Pétersbourg. Ce ne fut pas un grand succès et on ne le monte pratiquement plus, aujourd'hui. Mais je pense que vous reconnaîtrez la musique de cette suite, quand l'entendrez. J'allais oublier. Vous ne verrez aucun casse-noisette à l'écran. Il a uniquement servi au titre. | » |
— Deems Taylor, Fantasia
Casse-Noisette est la deuxième séquence du film d'animation de Walt Disney, Fantasia, sorti en 1940.
Synopsis[]
Sur la musique originelle du célèbre ballet classique de l'artiste russe Pyotr Ilyich Tchaikovsky, Casse-Noisette, apparaissent les créatures suivantes, illustrant chaque segment de la composition de l'œuvre initiale :
- La Danse de la fée Dragée où les « fées gouttelettes » (nommées Dewdrop Fairies) déposent dans les sous-bois la rosée printanière qui réveille les fleurs et la nature tout entière.
- La Danse chinoise : un groupe de « Danseurs Champignons » évoquant des ouvriers rizicoles chinois qui dansent.
- La Danse des mirlitons : les ballerines du « Ballet des fleurs » tombent sur la surface d'un cours d'eau et effectuent un ballet qui s'achève avec une cascade.
- La Danse arabe : dans une atmosphère sous-marine exotique, une troupe — un harem — de poissons rouges, timides, mais aux nageoires longues et diaphanes, effectuent une lente danse moyen-orientale.
- La Danse russe : Des chardons en cosaques (les Thisle Boys) et des orchidées en paysannes évoquent une danse russe (Orchid Girls).
- La Valse des fleurs : Les « fées de l'automne » (nommées Autumn Fairies) font tomber les feuilles et les graines laineuses des asclépiades qui forment le Milkweed Ballet, puis qui dansent jusqu'à l'hiver. Les « fées du givre » (nommées Frost Fairies), suivies par les « fées flocons de neiges » (nommées Snowflake Fairies) qui apportent lesdits flocons et déposent neige et glace.
Iconographie[]
Personnages[]
En coulisses[]
Fiche technique[]
- Titre original : Nutcracker Suite
- Titre français : Casse-noisette
- Réalisateur : Samuel Armstrong
- Scénario : Sylvia Moberly-Holland, Norman Wright, Albert Heath, Bianca Majolie et Graham Heid
- Conception graphique :
- Direction artistique : Robert Cormack, Al Zinnen, Curtiss D. Perkins, Arthur Byram et Bruce Bushman
- Conception des personnages : John Walbridge, Elmer Plummer et Ethel Kulsar
- Animateurs : Art Babbitt, Les Clark, Don Lusk, Cy Young et Robert Stokes
- Décors : John Hench, Ethel Kulsar et Nino Carbe
- Producteur : Walt Disney
- Production : Walt Disney Pictures
- Distributeur : Buena Vista Pictures
- Format d'image : Couleur (Technicolor)
- Son : Mono
- Langue : anglais
- Pays : États-Unis
- Dates de sortie :
Origines et production[]
Une célèbre pièce, mais qui fut non satisfaisante pour l'auteur[]
Comme le souligne Deems Taylor dans l'interlude avant d'introduire la séquence suivante, Casse-noisette de Piotr Ilitch Tchaïkovski est un ballet qui est une des œuvres les plus célèbres du compositeur russe, mais qui paradoxalement la moins appréciée par l'auteur lui-même. En janvier 1890, la version scénique de La Belle au bois dormant par Tchaïkovski fut un succès retentissant. Le mois suivant, Ivan Vsevolojski, le directeur des Théâtres Impériaux de Russie, aborde Piotr pour lui commander de composer un double programme, constitué d'un ballet qui sera Casse-Noisette et d'un opéra intitulé Yolande. Tchaïkovski accepte la demande et fait équipe avec son chorégraphe Marius Petipa avec qui ils ont œuvré ensemble sur La Belle au bois dormant. Le ballet s'inspire de l'œuvre d'Alexandre Dumas, elle-même inspiré d'un conte d'Hoffmann, Casse-Noisette et le Roi des souris ou Histoire d'un casse-noisette.
La première représentation du ballet eut lieu le 18 décembre 1892 au théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg. Ce fut un succès plutôt mitigé, puisque au cours de l'écriture du ballet, il y eut quelques désagréments : Petipa, chargé de créer la chorégraphie, tomba malade, et laissa son assistant Lev Ivanov terminer le travail. Entretemps, Tchaïkovski fit des voyages aux États-Unis pendant vingt-cinq jours pour diriger des concerts pour l'ouverture du Carnegie Hall. Qui plus est, l'auteur ne trouvait pas du tout le scénario du conte Hoffman très pertinent. À l'issu de la première représentation, beaucoup ont critiqué sur le contenu du livret qui ne respectait pas la trame du conte, la présence d'enfants dans la mise en scène, les passages non satisfaisant comme le Grand Pas de Deux qu'on jugeait « insipide ».
Développement[]
Durant l'âge d'or du septième art, nul n'avait connaissance de l'existence du célèbre ballet de Tchaïkovski qui n'avait pas encore foulé le pied en Amérique. C'est grâce à Walt Disney, le « créateur de Mickey » que le public américain allait faire connaissance de Casse-noisette. La première représentation scénique de l'œuvre de Piotr fut de ce monde quand George Balanchine monta le ballet en 1954,[1] mais c'est notamment dans le domaine du cinéma, qu'on illustra pour la toute première fois l'œuvre de Tchaïkovski.
Dans les premiers Silly Symphonies, Disney affichait les fleurs et autres plantes comme les principaux acteurs de ses courts métrages. L'épisode le plus connu est Des arbres et des fleurs qui révolutionne l'utilisation inédite du format technicolor, avec comme vedettes des pâquerettes danseuses.[1] Le ballet devait au départ être aussi un épisode de Silly Symphonies, mais Walt a toujours eu une vision plus grande, et l’idée d’un ballet floral plus grandiose a été évoquée lors des réunions de scénario dès mai 1935.[1] Le titre de cet opus devait être Ballet des Fleurs et, bien qu’il n’ait jamais été réalisé, de nombreux éléments de celui-ci ont finalement été incorporés dans la version de Casse-Noisette que nous connaissons aujourd’hui.[1]
Animation[]
Des entités féminines actives[]
Le segment de Casse-noisette a sollicité le concours de nombreuses femmes employées aux Walt Disney Feature animation pour contribuer au développement du court métrage.[1] Les scénaristes Sylvia Moberly-Holland, Bianca Majolie et Ethel Kulsar ont transformé les fleurs et les mauvaises herbes qu’elles ont trouvées sur les collines autour du Studio Hyperion en solistes floraux, corps de ballet, cosaques et filles aux orchidées qui peuplent la Suite de Tchaïkovski.[1] Leur utilisation des pastels dans les dessins du storyboard a incité les femmes du département encre et peinture à développer de nouvelles façons de peindre les celluloïdes. Afin de créer les mouvements sinueux et mystérieux du poisson arabe, Joyce Coles de la Belcher School of Dancing a été invitée à chorégraphier une danse appropriée.[1] Marjorie Belcher (connue plus tard sous le nom de Marge Champion), la collègue de Cole et modèle de référence pour Blanche-Neige, a servi de référence pour les pirouettes sans fin de la danseuse étoile de la danse des mirlitons. Et l'assistante de montage musical Louisa Field a veillé à ce que les enregistrements du chef d'orchestre Leopold Stokowski avec l'Orchestre de Philadelphie correspondent parfaitement au mouvement de l'animation à l'écran.[1]
Des techniques innovantes[]
Walt a été tellement impressionné par l’aspect et l’ambiance des esquisses de l’histoire de Casse-Noisette qu’il a demandé à son équipe de trouver des moyens d’éviter les contours à l’encre dure et d’imiter plus fidèlement l’aspect pastel et pictural de l’œuvre d’art inspirante.[1] Par exemple, les graines emportées par le vent dans le ballet d’asclépiades de « Valse des fleurs » ont nécessité un encrage délicat, un travail au pinceau sec (effectué avec un pinceau dont les poils sont secs, mais peuvent encore retenir la peinture) et un aérographe (semblable à l’effet de la peinture en aérosol, et qui a nécessité la création d’un masque pour garder certaines zones exemptes de peinture).[1] D’autres techniques de peinture employées dans Casse-Noisette comprenaient le pointillage et l’utilisation de peinture transparente. Il pouvait falloir des heures pour terminer un seul cellulo, mais le résultat final visuellement époustouflant valait la peine. Comme l’ont écrit Frank Thomas et Ollie Johnston à propos du poisson arabe exotique en plomb : « Jamais un objet sur celluloïd n’a semblé aussi diaphane et délicat. »[1]
De l'animation en volume[]
Du vivant de Walt, les animations du Studio étaient presque exclusivement dessinées à la main.[1] Il est donc intéressant de noter que la suite Casse-Noisette contient des animations créées en stop motion, c'est-à-dire des animations créées en manipulant physiquement un objet devant la caméra.[1] Dans le cas de la suite Casse-Noisette, les animateurs de Walt se sont retrouvés perplexes quant à la meilleure façon de créer les fées des flocons de neige à la fin de la « Valse des fleurs ».[1] Dessiner à la main des flocons de neige élaborés prendrait non seulement énormément de temps, mais ils vacilleraient et s'agiteraient inévitablement, incapables de maintenir la structure rigide de l'eau gelée.[1]
Les séquences[]
La Danse de la fée Dragée[]
Les fées du premier segment sont bien plus petites que les plus grandes entités conçues au studio Disney, comme la Fée Bleue de Pinocchio. Elles sont en quelque sorte les prédécesseures de la fée Clochette de Peter Pan, avec leurs petites silhouettes et leurs grandes ailes. Le vétéran des Nine Old Men, Les Clark, fut pleinement actif pour animer les petites fées.[2] Le développement de personnalités spécifiques n’était pas nécessaire, puisque nous ne connaissons jamais ces esprits de la nature.[2] Clark a basé ses mouvements élégants sur des colibris, ce qui donne à leurs modèles de vol une belle sensation d’arrêt et de départ.[2] Ces fées délicates ont été dessinées avec des ailes de taille et de longues jambes, ce qui a aidé à définir des poses féminines charmantes.[2] La séquence crédite aussi le concours de Robert Stokes, John Reed, Vernon G. Witt, Ugo D'Orsi, Cornett Wood, George Rowley, Jack Campbell et Joseph Gayek.[3]
La Danse chinoise[]
Les petits champignons, les acteurs principaux de ce passage, sont des caricatures des peuples asiatiques, d'après un concept de John Walbridge. Au nombre de sept, ils sont tous animés par Art Babbitt,[4] assisté de Sandy Strother, tandis que Frank Follmer et Tom Barnes veillent aux effets visuels.[5] Pour faire bouger les petits champignons, Babbitt a pris comme référence The Three Stooges, un trio comique constitué de Moe Howard, Curly Howard et Larry Fine. Il a dessiné avec une partition épinglée sur son bureau pour élaborer la chorégraphie afin de pouvoir relier l'action à la mélodie et au contrepoint, « ces vilaines petites notes en dessous... donc quelque chose doit être lié à cela ».
La Danse des mirlitons[]
Des fleurs affichées comme des ballerines et qui font leur performance sur l'eau. Pour ce passage, les artistes ont fait intervenir des danseurs professionnels, Joyce Coles et Marjorie Belcher, dite « Marge Champion » qui avait précédemment été le modèle « vivant » de référence pour concevoir Blanche-Neige. Les deux danseuses devaient porter des jupes de ballet qui ressemblaient à des formes de fleurs qui devaient se poser au-dessus de l'eau. Les fleurs ballerines ont été animées en grande majorité par Cy Young,[4] un des premiers artistes pionniers dans l'animation des effets visuels.[6] Il est entouré des autres artistes, Sandy Strother, Brad Case, Hawley Pratt, Frank Follmer, Cornett Wood et Josh Meador en autres.[6]
La Danse arabe[]
Dans un décor aquatique avec des poissons incarnant les danseuses orientales, les artistes ont dû faire intervenir d'authentique danseurs orientaux pour étudier les mouvements des poissons de la danse arabe. Tous les poissons ont tous un graphisme proche de celui de Cléo, le poisson de Geppetto dans Pinocchio qui a été dessiné autrefois par Don Lusk. Ce dernier fut actif pour présenter les poissons danseurs, aux côtés de Jim Will, John Reed et Sandy Strother.[6]
La Danse russe[]
Une séquence avec de la vivacité et de la cadence plus rapide, avec des plantes représentants les danseurs russes exécutant le traditionnel Trepak. Les chardons représentent les hommes dans leurs costumes de cosaque, tandis que les orchidées incarnent les femmes à travers leurs déguisements de paysanne. Les danseurs ont été animés une fois encore par Art Babbitt, accompagné des frères Fitzpatrick (Paul ou Art), ainsi que de Tom Barnes aux effets visuels.[7]
La Valse des fleurs[]
Les fées de l'automne et de l'hiver arrivent pour illustrer le changement d'une saison à l'autre. Les Clark et son équipe de la fée dragée reviennent dans ce passage qui clôt la séquence.[8]
Références[]
- ↑ 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 et 1,14 5 faits fascinants sur la suite Casse-Noisette de Fantasia - D23
- ↑ 2,0 2,1 2,2 et 2,3 The Nine Old Men Lessons, Techniques and Inspiration From Disney's Great Animators — Andreas Deja
- ↑ Prod. 2004 — Fantasia (IV) — Seq. 5.1 (Nutcracker Suite: Sugar Plum Fairy) — A. Film L.A.
- ↑ 4,0 et 4,1 The Disney Animation : The Illusion of Life — Frank Thomas & Ollie Johnston
- ↑ Prod. 2004 — Fantasia (V) — Seq. 5.2 (Nutcracker Suite: Dance Chinese) — A. Film L.A.
- ↑ 6,0 6,1 et 6,2 Prod. 2004 — Fantasia (VI) — Seq. 5.3 & 5.4 (Nutcracker: Dance of the Reed Flutes & Arabian Dance) — A. Film L.A.
- ↑ Prod. 2004 — Fantasia (VII) — Seq. 5.5 (Nutcracker Suite: Trepak - Russian Dance) — A. Film L.A.
- ↑ Prod. 2004 — Fantasia (VIII) — Seq. 5.6 (Nutcracker Suite: Waltz of the Flowers) — A. Film L.A.
Liens externes[]
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