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Walter Elias Disney, plus connu sous le nom de Walt Disney (né le 5 décembre 1901 à Chicago, dans l'Illinois, et mort le 15 décembre 1966 à Los Angeles, en Californie) était un producteur, scénariste, réalisateur, animateur de dessins animés, dessinateur, animateur de télévision, homme d'affaires et acteur américain.

À travers la société The Walt Disney Company qu'il fonda en 1923 avec son frère Roy O. Disney, Walt Disney devint l'un des producteurs de films le plus renommé de tous les temps ainsi qu'une icône de la télévision américaine des années 1950 et 1960. Ses co-créations les plus célèbres incluent Mickey Mouse, une des premières stars du cinéma parlant, Blanche-Neige et les Sept Nains, le tout premier long-métrage d'animation de l'histoire, ainsi que Disneyland, le premier véritable parc à thèmes du monde. Son travail a été récompensé par 22 Oscars, un record jamais battu.

Biographie[]

Origines et ascendance[]

Le nom "Disney" provient de seigneurs normands, les Suhard, qui participent à la bataille d'Hastings menée par Guillaume le Conquérant en 1066. Finalement, ils s'installent en Angleterre, et au siècle suivant, Hugues Suhard change de patronyme pour se faire appeler « Hugues d'Isigny ». Ce nom provient de la commune d'Isigny-sur-Mer, d'où est originaire la famille. Le mot est vite déformé par les Anglo-Saxons et devient peu à peu « d'Ysini », ou « d'Ys'ny ». À la fin du XIVe siècle, le terme achève sa mutation pour devenir « Disney ». Une branche protestante de la famille émigre en Irlande au XVIIe siècle.

En juillet 1834, Arundel Elias Disney, l'arrière grand-père de Walt, vend ses biens, et part en Amérique avec sa femme, ses deux enfants, son grand frère Robert ainsi que sa famille à bord du New Jersey. Il s'installe en Ontario, au Canada, et achète des terres à cultiver. Il a 16 enfants: 8 filles, et 8 garçons. Lorsque l'aîné, Kepple atteint ses vingt-cinq ans, en 1858, il se marie avec Mary Richardson, une autre Irlandaise. Il déménage plus au Nord, et fait l'acquisition de sa propre exploitation. Le 6 février 1859, ils ont leur premier fils, Elias.

En 1877, Kepple entend parler de la Ruée vers l'Or en Californie. Il part donc avec Mary, Elias, et Robert, né entretemps. Arrivé au Kansas, Kepple a une autre idée. Il s'installe sur place, près de l'Union Pacific Railroad. L'endroit était encore sauvage et rude. C'est pourquoi ils ne restent pas longtemps, et se dirigent vers la Floride, avec la famille Call. Les Call avaient une fille, Flora, âgée de seize ans. Leurs ancêtres étaient venus d'Angleterre en 1636 pour habiter à Boston, puis à New York. En 1825, le grand-père de Flora, Eber Call, accompagné de sa femme et de ses trois enfants, part pour l'Ohio. Son fils, Charles, décroche son diplôme d'Oberlin College haut la main en 1847 et part chercher de l'or en Californie. À Des Moines, dans l'Iowa, il rencontre l'immigrante allemande Henrietta Gross, avec laquelle il se marie le 9 septembre 1855. Ils ont dix enfants et partent pour le Kansas sans raison précise, abandonnant son statut de professeur pour devenir fermier. En Automne 1886, ils quittent ce territoire hostile avec les Disney pour commencer une nouvelle vie prometteuse en Floride.

Migrations ancetres walt disney

Carte représentant les migrations des ancêtres de Walt Disney jusqu'à sa naissance en 1901 à Chicago. Sont représentés en bleu, la famille Disney (branche paternelle) et en jaune, la famille Call (branche maternelle).

Le premier janvier 1888 a lieu le mariage d'Elias et Flora. Elias distribuait le courrier, alors que Charles Call était redevenu professeur et cultivait des oranges. Ce dernier meurt en 1890, suite à un accident. Le couple se dirige alors vers le Nord, et achète une maison à Chicago, où Robert Disney s'était déjà établi. Ce dernier était très différent d'Elias. Il était beau, grand, fort, charismatique alors qu'Elias était petit, maigre, et introverti. Six mois après le mariage d'Elias, Robert s'était marié avec Margaret Rogers, et commencé une carrière de spéculateur immobilier, pétrolier, ou minier. En 1889, il va à Chicago afin de construire un hôtel en prévision de la Grande Foire de 1893, célébrant l'anniversaire des quatre cents ans de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Elias, vivant dans l'ombre de son frère, a des ambitions plus humbles : il espère simplement trouver un poste de charpentier.

Avec Herbert et Ray, leurs deux enfants, Elias et Flora s'installent au 1249 Tripp Avenue (désormais 2156 North Tripp Avenue), et accueillent un troisième enfant, Roy O. Disney. Elias ne gagne que sept dollars par semaine en aidant à la construction de maisons. Ils fréquentent l'église congrégationiste locale, où Elias dirige même occasionnellement les offices. Flora est à nouveau enceinte, en même temps que la femme de Walter Parr, le pasteur de l'église, et décide de donner le nom de ce dernier à son fils.

1901–1919[]

Enfance à Chicago (1901-1906)[]

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Walt Disney enfant.

Walt Disney naît le 5 décembre 1901 à Chicago, aux États-Unis, sous le nom complet de Walter Elias Disney, dans une petite maison au 1249 Tripp Avenue, que son père a bâtie de ses propres mains. Fils d'Elias Charles Disney, migrant irlandais, et de Flora Call Disney, originaire de l’Ohio, il est le quatrième fils de la fratrie, après Herbert, Raymond et Roy. Son prénom vient de Walter Parr, le prêtre de l'église congrégationiste fréquentée par la famille. En guise de deuxième prénom, Walt hérite de celui de son père. Le révérend Parr baptise le bambin le 8 juin 1902, en l'enceinte de son église. La famille Disney s'agrandit le 6 décembre avec l'arrivée de Ruth Flora Disney.

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Le jeune Walt Disney.

En 1906, Walt et sa famille doivent quitter Chicago, car Elias se voit dans l’incapacité de mener son entreprise de construction, à cause d’une crise dans l’industrie du bâtiment. C'était du moins l'excuse utilisée par Elias afin de ne pas voir ses fils mal tourner. En effet, des jeunes de l'âge de Ray et Herbert, et fréquentant la même église ont récemment volé une voiture et tué un policier. Terrifié à l'idée de voir ses aînés devenir des criminels, il décide de trouver un cadre de vie plus sain pour ces derniers. Robert, le frère d'Elias, possède justement des terres cultivables dans le Missouri. La maison est vendue 1800$, et Elias part avec Herbert, Ray et deux chevaux vers leurs nouvelles terres. Walt, Ruth et Flora suivront en train.

Marceline, Missouri (1906-1910)[]

Les Disney s’installent dans une ferme à Marceline, dans le Missouri. Comparée au terrain de 200 hectares de l'oncle Robert, la ferme n’est pas bien grande : seulement 16 hectares. Cette propriété ne vaut que 3000$, mais Walt en gardera une image paradisiaque.

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Une reconstitution de la ferme des Disney.

S'il est déjà excité à l'idée de vivre dans une ferme loin de la maison, Walt l'est encore plus quand il découvre l'endroit qui restera le plus important de son enfance. Il dit plus tard se rappeler de l'arrivée dans ses moindres détails. Il est perpétuellement émerveillé par ce que lui montre la nature, un véritable terrain de jeu, avec des renards, des lapins, des écureuils, des opossums, des ratons laveurs, des chevaux, des vaches à lait, des poules, et toutes sortes de vignes, de baies, de pommes, de poires et autres cultures. C’est dans cette bourgade de campagne que Disney se rendra à l’école à partir de l’âge de huit ans, en même temps que sa sœur cadette, ce qui l’embarrasse tout particulièrement.

Walt et ruth

Walt et sa sœur Ruth devant le 1249 Tripp Avenue à Chicago.

L’école est aussi un moyen pour lui de se donner en spectacle, en faisant le comique en classe. Quand il n’est ni à l’école, ni à la ferme, il s’amuse avec ses amis, se courent après, se baignent, ou glissent sur la glace en hiver. Il lui arrive également de rendre visite à Erastus Taylor, un vétéran de la guerre civile qui raconte ses exploits. Walt dira « Je ne pense pas qu’il ait jamais été dans une seule bataille de la Guerre Civile, mais il était dans toutes. » C’est également là que naît sa passion pour les trains, Walt observant régulièrement la locomotive de son oncle Michael passer à proximité de la maison.

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La gare de Marceline.

Marceline connait à cette époque un essor grâce au train, ici le Santa Fe Railroad. La ville est fondée en 1888 comme une station pour que les travailleurs du train reliant Chicago au grand Ouest par Kansas City puissent se reposer. Cinq mines de charbon se trouvent aussi dans les environs. Au moment où les Disney s’y installent, elle compte près de 4500 habitants, mais elle accueille vite de nombreux résidents, avec deux cent maisons construites en deux ans. La rue principale, Kansas Avenue, concentre tout ce qu’on attend d’une petite ville. À cette époque, elle n’est pas encore pavée. Bien que Marceline pourrait sembler conservatrice, on trouve beaucoup de militants démocrates, et Walt y reçoit une éducation civique progressiste. Il y voit également son premier cirque, et dépense tout ce qu’il a pour assister à une représentation itinérante de Peter Pan, interprété par Maude Adams. Le jeune Walter a l’idée de reprendre celle-ci dans un spectacle scolaire, dont il a le rôle titre. Roy y gère les ficelles et les câbles d’un système complexe qui permet à son frère de s’envoler, mais finit par l’envoyer sur le public lorsqu'il se casse. Buffalo Bill et son Wild West Show passent aussi par Marceline. Le showman invite Walt à monter sur son véhicule, et lui laisse une forte impression. Ruth se rappellera également d’un soir où elle et son aîné ont vu leur premier film: « a life of Christ ».

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La rue principale de Marceline, Kansas Avenue, du temps où les Disney y habitaient.

Toutefois, la chose qui manquera le plus à Walt, qui lui donnera cette nostalgie profonde de Marceline, c’est l’esprit de communauté. Ses témoignages ultérieurs font l'éloge de la solidarité entre voisins, entre fermiers, sans distinction de couleur de peau. De plus, c’est la seule fois dans la vie de Walt que toute sa famille habite au même endroit. Son oncle Mike Martin, un ingénieur du train Marceline - Ft. Madison en Iowa, ramène toujours un gros sac de sucreries aux enfants lorsqu’il vient à la maison. Sa grand-mère paternelle habitant toujours à Ellis, Kansas, passe parfois quelques jours chez son fils et va se promener avec Walt, lui demandant à l'occasion de passer sous la barrière d’un voisin pour voler des navets. L’enfant adore ce genre de transgressions car elles rendent son père furieux. Malgré tout, c’est la visite de l’oncle Edmund qui le ravit le plus. Edmund est le petit frère d’Elias. C’est une personne joviale, joueuse et insouciante. Atteint d'une déficience mentale, il ne sait pas écrire, et fait le compagnon de jeu idéal d’un enfant de huit ans. Pour le jeune Disney, l’oncle Edmund représente un modèle, un idéal de liberté. Il fait ce qu’il veut, passe son temps à voyager au travers du pays à la rencontre de parents ou d’amis et ne connait aucune forme d’inhibition. Il arrive à l’improviste chez les Disney de temps à autres, reste quelques jours puis repart. Il va s’amuser dans la forêt avec Walt, dont il connait chaque oiseau, chaque animal, chaque bruit. Walt se rappellera que si Edmund voulait aller en ville, il se mettrait au milieu de la voie ferrée, attendrait que la locomotive se stoppe en urgence et monterait à bord.

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L'oncle Robert, frère d'Elias.

Cependant il y a des visites moins joyeuses, comme celle de l’oncle Robert qui vient fréquemment faire un état des lieux de son terrain. Robert à qui tout réussit, riche, s’attire l’agacement de son frère. L'oncle est accompagné par tante Margaret, la seule que Walt appelle "tata". Elle apporte à son habitude un cadeau : une tablette de dessins et des crayons. En effet, à cette période, Walt découvre sa fibre artistique. Il commence à dessiner dès que possible, et Magaret l’encourage, tout comme un voisin, le Dr. Sherwood.

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La tante Margaret, femme de Robert Disney.

Le Dr. Sherwood est un retraité impétueux, sans enfant, qui aime passer du temps avec Walter. Durant leurs balades, l’enfant le bombarde de questions. Le médecin se montre patient et très pédagogue. Il lui enseigne une philosophie dont Walt se rappellera plus tard: « N’aie pas peur d’avouer ton ignorance ». Aussi, un jour, le docteur demande à Walt de dessiner son cheval Rupert, un étalon primé. Ce jour-là l’animal n’arrête pas de bouger et le jeune artiste a beaucoup de mal à le capturer tandis que son maître le tient par les reins. Finalement, Sherwood et sa femme le félicitent chaleureusement de l’esquisse, bien que Walt commentera que « le résultat était plutôt affreux ». Une autre manifestation des débuts artistiques de Walt est un événement dont ses parents se rappelleront trente ans plus tard. L’enfant et sa soeur décident de peindre au goudron, au moyen de bâtons, sur le mur blanc de la maison des Disney, Walt assurant à Ruth que cela partirait. Malgré ces mots, les traces de goudron resteront des témoins du passage de Walt et de l’éveil de son art.

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La rue principale de Marceline, Kansas Avenue, dans les années 2010.

Tandis que Walt vit de joyeux moments champêtres, son père, lui est face à un grand problème à Marceline. Il n’a aucune connaissance en agriculture. Par exemple, Elias ne fertilise pas les sols car, comme il le dit à un voisin, « c’est comme donner du whisky à un homme : il se sent mieux pendant un moment puis ensuite c’est encore pire qu’avant ». Quand ses récoltes s’amenuisent, il est obligé de revenir sur ses déclarations. Il apprend progressivement quand nourrir ses chevaux, quand planter ses pommiers, comment vendre ses cultures... Au lieu de passer par un revendeur, il demande à la famille de faire du porte à porte, ou emmène lui-même les fruits ou le maïs au Kansas. Parfois, il reprend même son activité de charpentier. L’argent se gagne durement et les repas sont frugaux.

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Walt, sa mère Flora et sa soeur Ruth à Marceline.

Un jour de 1907, l’oncle Robert prête des terres à Herbert et Ray, qui gagnent de l’argent de leurs récoltes. Cependant, quand l’un d’eux dit à Elias qu’il veut s’acheter une montre avec cet argent, le père entre dans une colère noire et défend qu’il prendrait l’argent car lui, il saurait le gérer pour subvenir aux besoins de la ferme. Ce soir-là, les deux aînés prennent tout leur argent à la banque et embarquent dans le train pour Chicago. Cet incident restera gravé dans les esprits des membres de la famille Disney comme un sujet tabou. Au printemps, les aînés vont à Kansas City où Robert leur trouve un poste en banque. En 1907 Herbert devient facteur et passe parfois par Marceline, mais la blessure ne cicatrisera jamais. Lorsque Flora leur demande d‘envoyer leurs anciens habits à Walt et Ruth, ils y glissent à l’occasion du tabac dans les poches, sachant que cela mettrait Elias en colère.

Sans les deux grands, la ferme devient de plus en plus dure à gérer. Elias, travailleur acharné, redouble d'efforts. Malheureusement, une crise du charbon dans la région survient, puis une baisse du prix de vente des récoltes. De plus, la santé d’Elias, atteint de diphtérie et de typhoïde, se détériore. Il est cloué au lit et ne peut travailler. Comme si cela ne suffisait pas, la sécheresse impacte fortement les cultures et la ferme ne rapporte plus suffisamment d’argent. Cet automne de l'année 1910, le père de famille est convaincu que sa maladie est due aux soucis que créent la ferme. C'est en Novembre, par une froide matinée, qu'Elias organise les enchères des biens et du stock de l'exploitation des Disney. La ferme est vendue à un certain Walter Chamberlain. La vie de Walt à la campagne prend donc brutalement fin ; la famille Disney, après avoir vendu sa maison, se voit à nouveau obligée de déménager, cette fois-ci à Kansas City, une ville active éloignée des champs, où se trouvent alors les deux frères aînés, Herbert et Raymond.

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La maison des Disney à Marceline.

Afin de permettre à Ruth et Walt de finir leur scolarité, la famille emménage temporairement dans un quatre pièces au 508 Kansas Avenue. Marceline a bien changé depuis le moment où Walt y est arrivé. Les rues pavées sont empruntées par une vingtaine d'automobiles, la population a augmenté considérablement, il y a une nouvelle école, une nouvelle centrale, une nouvelle fontaine, un nouveau théâtre qui diffuse des films et laisse se produire des vaudeville, et même des lampadaires électriques. Ce n'est pas cette ville dont Walt se souviendra. Il idéalisera une Marceline rustique, où il puisera tous ses souvenirs d'enfance. Ce sentiment de liberté, de cohésion avec la nature, l'esprit de coopération ; ce sont des impressions qu'il tentera toute sa vie de retrouver.

Kansas City (1910-1917)[]

La route[]
Bellefontaine 1914-21

La maison des Disney à Bellefontaine, entre 1914 et 1921

Le retour à un milieu urbain qu'Elias avait décidé de quitter est un nouvel échec pour lui. Cependant Kansas City connait depuis quelques décennies une explosion démographique, qui entraîne un renouveau constant des infrastructures et de la ville. Il s'agit d'un lieu de progrès et d'investissement, bien que gagner sa vie n'est pas nécessairement facile. La nouvelle demeure des Disney, le numéro 2706 East 31st Street, donne l'image d'une régression. Très petite, peu confortable, bien loin des verts pâturages de Marceline, elle est très proche de la route, n'a qu'un petit bout de potager comme seule source de verdure et n'est pas alimentée en eau courante. Walter et Ruth trouvent tout de même un avantage à la bâtisse : sa proximité avec le Parc d'Attraction Fairmount, d'où ils entrevoient de nombreuses merveilles à travers les palissades.

Wikipedia kansas city star newspaper

Photographie d'une édition du Kansas City Star, pour illustration

Le métier qu'exerce désormais Elias est aussi un retour en arrière. Il achète les droits de livraison du journal local, le Kansas City Star, dans les pâtés de maisons avoisinantes et devient facteur. La revue est heureusement appréciée par les habitants du quartier, si bien que la liste comporte uniquement les adresses des personnes n'achetant pas le journal, selon Walt. Grâce à sa part des bénéfices, Elias gagne environ 31 $ par semaine et en donne trois à Roy, mais rien à Walt. Pourtant, tous deux participent à la tâche. Les Disney déménagent vite dans un modeste bungalow à deux étages de l'autre côté de la rue pour rester près de la route de livraison, au 3028 Bellefontaine. La routine de "la route" est le seul gagne-pain de la famille Disney. Tous les jours de la semaine, Elias, Roy et Walt – qui n'a alors que 9 ans – se lèvent tôt le matin, dans l'obscurité, pour aller au point de distribution et charger les chariots tirés à leur seule force de journaux, puis retournent sur la route "Santa Fe". Le travail est même abattu le dimanche, ce qui évite aux garçons d'aller assister aux offices religieux. Ce n'est pas une sinécure pour autant, car l'édition ce jour-là est toujours plus épaisse et demande souvent deux allers-retours au centre de distribution. Au bout de la deuxième année, le jeune Walt obtient un vélo qui rend la tâche plus simple mais ne reçoit toujours pas de salaire pour ses efforts. Après la tournée il rentre à la maison vers six heures du matin où il se repose puis se relève pour manger son petit déjeuner et aller à l'école. Afin d'avoir un peu d'argent de poche, l'enfant livre des médicaments à une pharmacie sur sa route. L'école se finit toujours une demi-heure en avance pour lui car il se doit d'être à l'heure pour la livraison de l'après-midi.

Elias jeune

Portrait d'Elias Disney jeune

La courte période pendant laquelle Walt trouve ce métier amusant se finit bien vite au regard du perfectionnisme de son père. Au gré des saisons et de la météo il devient de plus en plus désagréable de livrer les journaux et la charge de travail est doublée lorsque Roy quitte Kansas City après l'obtention de son diplôme. La pire période est bien sûr l'hiver. En bravant le froid, la neige et le vent mordant qui lui arrache des larmes, sa fatigue l'emporte et il lui arrive de s'endormir sur un porche ou dans son sac de papier. Le retard alors pris l'oblige à courir pour finir sa course à temps. Puisqu'Elias prend tout l'argent que Walt gagne pour le réinvestir, le garçon trouve un travail durant les vacances, dans un magasin de bonbons. L'argent gagné lui permet d'acheter des journaux qu'il va alors vendre par lui-même aux stations de tramway. Malheureusement, il en est souvent chassé par d'autres livreurs de son âge et doit donc vendre ses journaux dans le tramway même. Tout cela est fait dans le secret vis à vis de son père pour se constituer un peu d'argent de poche. En six ans de route, il déclarera plus tard n'avoir jamais manqué que cinq semaines, dont une seule pour cause de vacances (une des seules prises par ses parents selon ses mots). Tout son temps libre est monopolisé par le travail, si bien que Walt s'amuse rarement durant cette partie de son enfance. A Noël, il ne reçoit pas des jouets mais une paire de chaussures neuves remplaçant celles abimées par la route, ce qui l'enchante par ailleurs. Le contraste avec sa vie à Marceline le poussera à revendiquer cette dernière comme la bourgade de sa jeunesse. S'il relativisera une fois adulte, avançant que la route lui a appris à profiter de ses moments de répits et lui a forgé le caractère, elle n'en reste pas moins une source d'angoisses et de stress. Les cauchemars sur cette période le poursuivront jusque dans sa vie adulte.

Walt et Elias[]
Elias Disney âgé

Portrait d'Elias Disney âgé

Si Elias se montre si rude avec sa progéniture ce n'est pas pour son propre profit mais pour maintenir la famille à flots. Il faut en permanence augmenter les gains et réduire les dépenses pour avoir de la nourriture sur la table. Pour faire croître ses revenus, Elias se diversifie. En plus de livrer les journaux, il vend des glaces en été, et fait livrer du beurre et des œufs depuis Marceline pour les proposer aux abonnés du Star. Ruth, la petite soeur de Walt, aura tendance à modérer la vision que Walt donnera de son père. Selon elle, ce dernier faisait tout ce qu'il pouvait pour donner le plus grand confort possible à sa famille.

Mais Elias, qui a toujours été conservateur, croyant, pieux (il ne boit pas), économe, modeste et sévère, exerce un contrôle de plus en plus autocratique sur sa famille. En 1914, Elias a 55 ans et son tempérament est devenu encore plus volcanique. En prenant l'argent gagné par Walt, il se défend du même argument qu'il utilisait contre les aînés Ray et Herbert des années plus tôt : il préfère en prendre soin, car lui saurait l'utiliser et ne souhaite surtout pas voir ses enfants le gâcher. L'homme qui déjà punissait Roy par des coups de bâtons sur le derrière ne s'autorise plus aucune distraction, ne serait-ce que le violon qui était sa seule passion connue. Voulant assurer sa domination sur la famille, il se montre toujours plus intransigeant. Par le passé, à Marceline, Elias pouvait se laisser charmer par le tempérament optimiste, blagueur et insouciant de Walt. Ce n'est plus le cas depuis son nouvel échec l'ayant amené à Kansas City. Peut-être y voit-il un reflet de son propre frère, l'oncle Robert (une personne dont Elias aurait toujours été jaloux). Lors de l'agrandissement de la propriété de Bellefontaine, Elias s'énerve dès que son fils commet une erreur et le frappe avec le plat de la scie ou le manche du marteau. Aussi, Elias force Walt à apprendre à jouer du violon, chaque échec lui valant un coup sur l'épaule. Expliquant plus tard qu'il avait une "mauvaise oreille", les leçons au bout de quelque mois, conduisent inévitablement à un "dégoût mutuel".

Elias, quant à lui, est à bout de nerfs à cause de l'âge, de ses échecs et de son travail ; sa famille est la seule chose qu'il peut encore contrôler. Walter peut en général compter sur sa mère, Flora, pour le consoler et sur son frère, Roy, pour le protéger des crises de colère de son père. Un jour de 1915, Elias accuse Walt d'être trop insolent. Obéissant à son père et se préparant pour la punition, son fils qui a désormais 14 ans descend au sous-sol, s'apprêtant à se faire battre par le marteau. Mais alors qu'Elias lève le bras, le jeune Disney attrape son poignet, et saisit le marteau. Fou de rage, son père lève son autre main que le fils retient également. Dans l'incapacité d'échapper à l'étreinte de Walt, alors plus fort que lui, l'homme fond en larmes. Jamais plus il ne lèvera la main sur lui depuis l'incident, perdant son emprise sur la dernière chose qu'il lui restait.

Les deux Walt[]
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Walt Disney (à droite) en compagnie de Walt Pfeiffer (à gauche)

Tout n’est pas noir à Kansas City, car Walt Disney se lie d’amitié avec Walt Pfeiffer dès le CM2. Le garçon, dans la même classe que Walter, est aussi blagueur et extraverti que lui. Le jeune Disney se sauve dès qu’il peut chez les Pfeiffer, appelant l’endroit « laughing place » (expression sans équivalent en français, littéralement « lieu ou l’on rit »). Il trouve la famille de son ami bien plus excentrique et amusante que la sienne. Les enfants passent leur temps à rire et à dessiner, à jouer des sketches ou se déguiser: ils sont passionnés par les films de Chaplin. De plus, lorsque Walt va se coucher à neuf heures du soir, il sort bien souvent en cachette par la fenêtre de sa chambre pour passer du temps chez les Pfeiffer. Même si ces escapades nocturnes ne font que le fatiguer encore plus pour la route, il n’éprouve aucun regret.

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Walt Disney (à droite) et Walt Pfeiffer (à gauche) déguisés. Contrairement à ce qui est avancé par certaines sources, cette image n'est pas celle du costume d'Abraham Lincoln

Au CM2, pour attirer l’attention, Walt fabrique un haut-de-forme à partir de carton noirci à la cire à chaussure, dessine une verrue sur sa joue, et emprunte un manteau à son père. Il arrive ainsi à l’école déguisé en Abraham Lincoln et récite devant sa classe le discours de Gettysburg. La professeur, impressionnée, appelle alors le principal qui le fait jouer son numéro dans toutes les classes. Parfois aussi, avec ses camarades, il joue des pièces de théâtre devant d’autres enfants, en compagnie de son ami. Ensemble, ils regardent également plusieurs fois tous les films de Chaplin et se mettent à l'imiter; Disney singeant Charlot et Pfeiffer son nemesis. Un camarade de l'époque dit plus tard de Walt qu'il avait parfaitement appris le mouvement signature de l'acteur consistant à jeter une cigarette avec l'arrière de la jambe. Néanmoins, les applaudissements saluaient plutôt l'effort entrepris par les jeunes enfants que la performance elle-même. A cette époque, Walt aime tellement le feu des projecteurs, les coulisses, les applaudissements, qu'il souhaite même devenir acteur.

Ruth et walt

Ruth Disney (à gauche) et Walt Disney enfants

Walt ayant commencé l'école un an après tous les autres enfants afin d'intégrer la même classe que sa petite soeur, Ruth, il est plus âgé que le reste de ses camarades. Pourtant, bien que décrit comme poli par ses instituteurs, il est surtout très rêveur et peu attentif aux leçons. Outre la fatigue de son métier de livreur de journaux qui peut le mener à s'endormir sur son pupitre, il se montre souvent plus intéressé par les pitreries que par le professeur. Finalement, ses résultats sont plutôt mauvais et frisent ceux du cancre. Dans une recherche désespérée d'attention, il peut passer pour un enfant un brin farfelu : ses camarades se souviennent de la fois où il ramène une souris en classe, ou encore de son choix de prendre "sciences domestiques" plutôt que "travaux manuels" au collège, ce qui revenait à se retrouver tout seul dans une classe composée uniquement de filles à apprendre à coudre, faire le ménage, s'occuper d'un enfant, etc... Dans tous les cas, Walt apprécie montrer cette originalité. L'école Benton est un endroit duquel Disney gardera tout au long de sa vie des souvenirs tendres, notamment grâce au soutien des professeurs. Il entretiendra une relation épistolaire avec l'institutrice Daisy Beck, jusqu'au décès de celle-ci. Elle encourage Walt à prendre part à une course en relai, bien que l'enfant ne participe pas aux activités sportives de l'école. Pour cause, la livraison du journal prend tout son temps libre. Malgré tout, l'équipe dont il fait partie remporte la victoire, ce pourquoi Walt éprouve une grande reconnaissance envers son institutrice.

Un éveil artistique[]
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L'école Benton à Kansas City au début du XXème siècle

Miss Beck sollicite également l'enfant à produire des affiches pour promouvoir les événements de l'école. De lui-même, Walter dessine dans ses cahiers en classe pour faire rire ses amis, dans la cour de récréation avec quelques intéressés, et chez lui, il recopie les illustrations du journal de son père. Ses camarades se souviendront que Walt était déjà désigné comme un artiste en cinquième, du fait de sa propension à dessiner tout le temps. D'autres adultes l'encouragent : Bert Hudson, propriétaire du salon de coiffure pour hommes situé sur la route du journal, lui offre une coupe gratuite, ou bien 10 cents, en échange d'un dessin. Il l'encadre ensuite pour l'afficher derrière la vitrine. Même Elias Disney se souviendra que certains voisins "venaient à la boutique 'pour voir ce que le jeune Disney avait cette semaine'". Lorsque Walt accompagne son père aux bureaux du Kansas City Star, il s'empresse d'aller observer le travail des caricaturistes et dessinateurs. Malgré son enthousiasme, le directeur artistique, M. Wood, rejette sa candidature. Ne perdant pas espoir, Walt obtient de son père l'autorisation de s'inscrire aux cours du Kansas City Art Institute, tous les samedi dans le local de la YMCA. Il a alors 14 ans lorsqu'il apprend formellement les rudiments du dessin, de la sculpture et du moulage.

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Marguerite Clark ayant le rôle titre de Blanche-Neige dans un film muet de 1916

En 1916, quelques temps après son quinzième anniversaire, Disney voit un film qui fera forte impression sur lui : il s'agit de Snow White, avec Marguerite Clark en vedette, projeté dans l'immense palais des congrès de la ville. Il est très impressionné par ce film, et en fera même la plus grande source d'inspiration pour son tout premier long-métrage d'animation Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) basé sur le conte écrit par les frères Grimm.

En juin 1917, Walt et Ruth obtiennent leur diplôme de Benton à l'issue de la cinquième. A l'époque, l'établissement secondaire ne dispensait pas de cours au-delà de ce niveau. La dernière année d'étude a été très dure pour Walt, qui se désintéresse de tout ce qui ne concerne pas le dessin ou la comédie. En conséquence, il est d'autant plus fier lorsque le principal, M. Cottingham, déclare à son sujet lors de la cérémonie de remise des diplômes "il vous dessinera si vous le lui demandez" puis lui remet un prix de 7$ pour avoir créé un personnage de bande dessinée.

Adolescence et Première Guerre mondiale (1917-1920)[]

Quitter le Missouri[]

Cela fait plusieurs années qu'Elias Disney, le père de Walt, investit les maigres profits tirés de l'exploitation de la route de livraison du journal Kansas City Star dans l'achat d'actions à la société O-Zell, un producteur de gelée basé dans l'Illinois. En mars 1917, il vend la "route" et achète davantage de parts dans l'entreprise. En septembre 1917, il déménage à Chicago avec Flora et Ruth, afin de superviser et participer à la maintenance de l'usine. Walt et Roy, pour leur part, restent à Kansas City. Walter y aide le nouveau propriétaire de la route de livraison pendant un temps, tout en vivant chez son frère Herbert. Ce dernier a emménagé dans la maison de Bellefontaine (l'ancienne propriété des parents Disney) avec sa femme et sa fille de 1 an.

Missouri pacific railroad

Carte des axes ferroviaires de la Missouri Pacific Railroad au début du XXème siècle

Le 5 avril 1917, le président Woodrow Wilson déclare la guerre à l'Allemagne. Le 22 juin 1917, quatorze jours seulement après que Walt reçoit son diplôme, Roy rejoint la marine des Etats-Unis pour servir durant la Première Guerre mondiale. Sur recommandation de Roy, qui lui paie la caution de 15$, Walt trouve un emploi de vendeur de journaux dans les trains, ce qui lui permet de voir du pays. Vêtu d'un uniforme de la compagnie Missouri Pacific Railroad, il propose aux voyageurs des gazettes, des bonbons, du tabac, des fruits et des sodas. Durant l'été, il exerce à bord des trains circulant sur la portion de la Santa Fe qui relie Kansas City à Spiro, dans l'Oklahoma. A vrai dire, d'après ses témoignages et ceux de Roy, Walt ne faisait pas un employé exemplaire. Il lui arrivait de ne pas fermer son casier, ce qui causait la perte de quelques denrées, ou bien de regarder les paysages de l'Oklahoma et du Colorado depuis le wagon à charbon, en échange d'un morceau de tabac pour le conducteur. Il se souviendra aussi d'avoir perdu ses bouteilles lors d'un arrêt à Lee's Summit, Missouri : alors qu'il se réapprovisionnait, le wagon dans lequel ils les avaient laissées avait été accroché à un autre train. Après deux mois, il quitte cet emploi et rejoint ses parents à Chicago.

Retour à Chicago[]
The voice

Dessins et caricatures réalisés par Walt Disney pour le compte de The Voice, le magazine de McKinley High School

À l'automne, Walt rejoint sa famille à Chicago et est inscrit à la William McKinley High School, non loin de la nouvelle propriété des Disney sur Ogden Avenue. Tout comme à Benton, à Kansas City, il s'y montre peu intéressé par les études, mais témoigne d'une passion ardente pour le dessin. Son talent est reconnu par ses camarades, au point qu'en seulement un mois, il devient l'illustrateur du magazine de l'école, nommé The McKinley Voice. Ses caricatures font souvent référence à la guerre, en faveur de l'engagement. Lorsqu'il ne dessine pas, il se rend aux bureaux des journaux locaux, espérant un jour devenir illustrateur de presse. Il s'inspire du format The Tiny Trib créé par Carey Orr, un caricaturiste du Chicago Tribune, et dessine The Tiny Voice pour commenter l'actualité.

Dès l'hiver, les éditeurs du Voice l'encouragent à suivre des cours du soir à la Chicago Academy of Fine Arts, où il s'améliore en dessin trois fois par semaine. Carey Orr, l'une de ses sources d'inspiration, ainsi que LeRoy Grossett, un ancien du Chicago Herald, y donnent des leçons. Pour la première fois, Walt a l'occasion de croquer des modèles vivants. Il réalise alors que malgré son talent, il ne sera jamais capable de devenir un grand artiste, et préfère se cantonner à la caricature. Réussissant à convaincre Elias que les cours ont une valeur éducative, Walt obtient de son père le paiement des frais de scolarisation. Pourtant, au printemps 1918, il cesse de fréquenter l'académie.

En parallèle, l'adolescent recherche des opportunités de carrière dans le show business. Un samedi après-midi, il s'essaie à un numéro de comique avec un camarade de l'école nommé Russell Maas, dans un théâtre miteux. Leur prestation de vaudeville est rapidement interrompue car trop médiocre. Il investigue alors d'autres pistes alternatives, telles que la prestidigitation ou la photographie. Les témoignages de ses camarades et des éditeurs du Voice décrivent un personnage très différent du Walt de Kansas City : il n'est pas extroverti, mais plutôt réservé. Sa petite amie de l'époque, Beatrice Conover, le dépeint comme enjoué mais aussi plutôt angoissé.

O zell

Le logo actuel de la compagnie O-Zell (qui vend aujourd'hui du soda) figure une version cartoon d'Elias Disney

Durant les vacances d'été, Walt travaille à l'usine O-Zell, exécutant des tâches à la chaîne (construire des boîtes, écraser des pommes, diriger la machine qui ferme les boites...) voire faisant du gardiennage de nuit. La femme du président de l'entreprise, Sarah Scrogin, encourage néanmoins l'adolescent dans la voie artistique : elle lui libère du temps de travail pour dessiner l'affiche du pique-nique annuel et lui achète quelques dessins. Le garçon quitte toutefois cet emploi en juillet, en faveur d'un travail de postier. Jusque dans sa vie adulte, il prendra plaisir à raconter qu'à son premier entretien, il s'était vu refusé le poste pour son trop jeune âge, mais qu'il lui avait suffi de changer de tenue et de se dessiner une moustache pour que la même personne l'engage. Ses journées durent entre douze et treize heures, commençant dès 7h du matin au bureau de poste, par le tri du courrier. Une fois son le contenu de son sac livré, vers 15 ou 16h, Walt assure les livraisons spéciales, ou relève le courrier déposé dans les boîtes aux lettres. Le dimanche, il collecte les cartes postales en centre-ville pour 40 centimes de l'heure. Si le travail est terminé, il a la chance de monter à bord du train aérien, où il sert de portier et gère les flux de voyageurs. Le 3 septembre 1918, une explosion dans le bureau de poste fait 30 blessés et 4 morts. Walt s'en sort indemne, n'ayant qu'entendu le bruit de la détonation.

En fin d'été 1918, Walt ne compte plus retourner à l'école. En marchant sur la plage avec Bea Conover, il lui demande s'il devrait plutôt acheter un canoé ou une caméra avec son argent gagné à la poste. Elle suggère le canoé, mais lui décide de plutôt opter pour une caméra achetée par acompte. Déguisé en Charlie Chaplin, Walt se fait filmer par Maas dans l'allée derrière la maison de ses parents. La caméra est rapidement saisie.

Engagement dans la Croix-Rouge[]
Raymond disney

Portrait de Raymond Disney, second aîné de la fratrie

En 1918, à l'âge de seize ans, Walt quitte officiellement l'école et souhaite s'engager dans l'armée, malgré son jeune âge. Deux de ses grands frères marchent déjà sous la bannière étoilée : Raymond a été conscrit pour rejoindre l'effort de guerre, et Roy s'est engagé de lui-même dans la marine. Le patriotisme souffle fort, et l'adolescent se sent coupable de rester chez lui alors que d'autres risquent leur vie pour leur pays. Il essaie une première fois de rejoindre la marine avec son ami Robert Maas, mais sont rejetés pour leur âge. Ils tentent leur chance auprès de l'armée canadienne, mais Maas est rejeté pour sa piètre acuité visuelle. Suite à ces échecs, les deux compères finissent par travailler à la poste, où chaque jour une fanfare traverse le centre-ville pour exhorter les jeunes à s'engager.

Elias flora

Portrait d'Elias et Flora Disney

En septembre, Maas découvre qu'il est possible de s'engager à la Croix-Rouge dès 17 ans. Se faisant passer pour les frères St John, les deux amis tentent leur chance mais se voient refuser le droit de rejoindre le corps des ambulanciers à moins d'obtenir une signature de la part de leurs parents. Flora, la mère de Walt, est alertée par la mère de Maas, obligeant Walt à avouer à ses parents qu'il souhaite partir au front. Elias, son père, refuse de signer : "Si je le faisais, je pourrais signer ton certificat de décès". Sa mère, d'abord réticente, finit par signer pour elle et pour son mari, expliquant qu'il aurait fui de toute manière. Elle ignore de toute évidence qu'il est défendu de rejoindre la Croix Rouge à moins de 17 ans. Une fois la signature obtenue, Walt trafique son certificat de naissance pour porter sa date de naissance à 1900 au lieu de 1901.

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Disney devant un camion de la Croix-Rouge.

Le 16 septembre 1918, Walt devient chauffeur d'ambulance. Il est assigné au camp Scott au sud de Chicago, pour un mois d'entraînement. La première semaine est dédiée à la conduite d'ambulances et de camions, la deuxième à l'assemblage et au démantèlement de véhicules, puis les deux dernières aux manœuvres militaires. Dans ses correspondances, Walt est très enthousiaste et semble se plaire au camp. Néanmoins, il attrape rapidement la grippe espagnole. En pleine épidémie, l'hôpital est jugé dangereux, et il est plutôt renvoyé chez lui pour récupérer. Il lui faut trois semaines pour s'en remettre, assez pour que sa compagnie embarque pour l'Europe sans lui. Le 4 novembre, l'adolescent retourne à Camp Scott, d'où il est immédiatement transféré à Camp King, Connecticut. Il y reçoit la nouvelle de la signature de l'armistice : la guerre est terminée. Déconfit, ses espoirs de participer au grand effort patriotique s'évanouissent avec ceux du reste de la Compagnie A de la Section Automobile et Mécanique. A trois heures du matin, la troupe est réveillée, et cinquante hommes sont désignés pour partir pour la France, afin de participer à l'occupation. Le nom de Walt, selon son récit, aurait été le dernier appelé.

Un an en France[]
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Walt Disney durant son adolescence.

Le lendemain de l'armistice, le 12 novembre 1918, les soldats embarquent à bord d'un bateau de transport de bétail réaffecté, le Vaubin, chargé de munitions. Ils parviennent à Cherbourg le 30 novembre, mais l'accès au port est bouché par une épave engloutie. Walt est finalement débarqué au Havre où il est d'abord installé près de Saint-Cyr-l'École. Le château dans lequel les soldats dorment n'est pas chauffé, obligeant Walt à s'envelopper de papier journal sous son duvet. Les nuits sont froides, et la nourriture très mauvaise. Autour de la propriété, des soldats Algériens réformés ont formé un gang, et quelques attaques aux couteaux sont recensées. Cela n'empêche pas Walt de fêter son dix-septième anniversaire, avec de la grenadine pour les plus jeunes et du cognac pour les plus âgés (qui le forcent à lui donner une paire de chaussures). La semaine suivante, Walt est emmené à Paris pour acclamer le président Wilson à la conférence de la paix.

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Walt en uniforme en France

Walt est par la suite assigné à l’Hôtel Regina, puis à la conduite d'ambulances pour l'hôpital d'évacuation nº5 à Paris. La pelouse de l'hippodrome Longchamp est parsemée de tentes dans lesquelles des hommes blessées attendent d'être rapatriés en Angleterre et en Amérique. Rapidement, il est mobilisé sur le parc automobile de Paris, où il joue au poker et devient chauffeur pour des administrateurs de la Croix-Rouge et de l'armée, lui donnant l'occasion de découvrir la ville. Enfin, il est affecté à l'hôpital n°102 de Neufchâteau, un petit village pittoresque à plus de 200km de Paris. Cet hôpital étant principalement dédié au traitement des soldats infectés par la grippe espagnole, Walt a peu de contact avec les patients, dans le but d'éviter la contamination. Il effectue principalement des tâches au service de la cantine qui nourrit les troupes en route pour l'Allemagne. Il transporte les femmes qui y travaillent depuis leurs quartiers jusqu'à la cantine, il va à la rencontre de l'intendance, il récupère des denrées auprès des exploitations agricoles environnantes. La propriétaire de la cantine et supérieure de Walt se nomme Alice Howell, il s'agit d'une infirmière du Nebraska à qui incombe la tâche de préparer et distribuer aux troupes 600 donuts par jour. Elle est comme une mère de remplacement pour Walt, et il continuera à correspondre avec elle durant sa vie d'adulte.

John pershing

Portrait du général Pershing

Le général John P. Pershing est quant à lui le héros de Walt. Ce dernier a grandi près de Marceline, Missouri, et est un ami d'Howell. Un jour, il envoie son fils de dix ans à la cantine pour un pique-nique à Domrémy, le lieu de naissance de Jeanne d'Arc. Walt escorte l'enfant dans sa Ford et ils mangent du poulet frit ensemble devant l'autel de la pucelle d'Orléans, ce qui constitue un moment de répit appréciable. Le travail n'est en effet pas toujours simple ; durant une livraison de sucre et de haricots en direction de Soissons, le moteur surchauffe et casse. Walt envoie son associé chercher de l'aide et attend deux jours dans la cabane d'un gardien des chemins de fer. Son associé ne revenant pas, il décide finalement d'aller chercher un repas en ville, où il s'endort. A son retour, le camion a disparu. Son associé s'était rendu à Paris, mais soûl, s'était évanoui avant de reporter l'incident. Quand l'équipe de secours est arrivée, Walt n'était plus là (étant parti manger) et elle avait alors pris le camion. La commission disciplinaire se montre indulgente et laisse le jeune américain partir avec une simple réprimande pour abandon de poste.

Courrier à The voice

Lettre envoyée par Walt à The Voice

Walt continue de dessiner sur son temps libre. Il illustre des affiches pour le menu de la cantine, figurant un personnage en pâte à beignet de son invention. Il décore également le côté de son ambulance avec des dessins, et propose, contre un petit pécule, d'offrir ses services à ceux souhaitant joindre des caricatures à leur lettre. Il fait aussi parvenir quelques dessins éditoriaux au McKinley Voice, le journal de son ancienne école, et voit même une partie de son travail publiée dans le journal de l'armée Stars and Stripes. Il dessine dans ses baraquements, sur un chevalet sous la fenêtre, mais aussi dans ou hors du camion. Il tente, mais sans succès, de soumettre ses caricatures au Judge et à Life, deux magazines humoristiques populaires. Pour plaisanter, il copie sur son coupe-vent en cuir le motif de la Croix de Guerre portée par un soldat. Ses camarades lui donnent entre 10 et 15 francs chacun pour obtenir leur propre Croix de Guerre. Voyant que le commerce des souvenirs est lucratif, un garçon de Géorgie l'intègre à une autre combine : ils récupèrent des casques allemands dans la décharge, les peignent, les abîment avec de la terre, puis tirent dedans pour les vendre en tant qu'authentiques "prises de guerre".

Les Français sont cordiaux avec Walt, jusqu'à l'apparition de dissensions dans les tractations de la conférence de la paix. Une Française attrape le chapeau de Walt et le jette par terre. L'adolescent se retrouve même impliqué dans une bagarre. La seule fois où il aperçoit des Allemands, ce sont des prisonniers de guerre qui se font lapider par des enfants Français. Le sentiment d'aventure est passé, Roy et Raymond sont rentrés à Kansas City, et l'Amérique manque à Walter. Il hésite un instant à prolonger son service auprès de la Croix-Rouge pour aller en Albanie, où le salaire atteint 150$/mois, soit le triple de ce qu'il gagne actuellement. Mais dès le 7 août 1919, il demande à être démobilisé "aussi vite que possible", après près d'un an en France.

De retour à Paris, il retrouve son ami Russell Maas. Ils se promettent d'acquérir un chaland et de parcourir ensemble le Mississippi à leur retour. Ils achètent un berger allemand juvénile chacun, qu'ils promènent partout. Maas part avec les deux chiots en premier, puis Walt lui emboite le pas le 3 septembre 1919, en direction de Marseille. Toutefois, à cause d'une grève des travailleurs du port, Walt attend 33 jours à Nice, où les chambres sont moins chères. Il tue le temps en se rendant à Monte Carlo tous les matins. Il embarque à bord du SS Canada, dont les réserves en carburant sont faibles à cause de la grève. Le bâtiment avance donc lentement, et ne peut se charger en charbon qu'en atteignant les Açores. Un violent orage le percute peu après. Le jeune Disney atteint New York le 9 octobre 1919, où il est réformé le lendemain.

Les désillusions s'enchainent à son retour. En retrouvant Maas, il découvre que son chiot est mort d'une maladie durant la traversée. De plus, son ami n'a pas l'intention de concrétiser leurs plans d'aventure sur le Mississippi, puisqu'il a trouvé un emploi et une femme. Il apprend que sa petite amie, à qui il avait écrit et dont il avait conservé toutes les lettres durant un an, pour qui il avait acheté du parfum et des chemisiers, est fiancée et sera mariée en avril 1920. Blessé, Walter offre les cadeaux à sa belle-sœur en protestant qu'il en a "fini avec les femmes".

Artiste ou rien[]

En rentrant chez ses parents, Walt veut récupérer les 600$ qu'il a réussi à mettre de côté et envoyer à Chicago durant son séjour en France. Son père est désarçonné et désapprouve le choix de son fils, tout en lui conseillant de laisser l'argent à la banque. Il lui a trouvé un emploi honnête et stable à O-Zell, rémunéré à 25$ la semaine. L'adolescent veut tout investir dans son projet de devenir un artiste ; Elias ne comprend tout simplement pas, et refuse. Walt Disney a 17 ans, son expérience en France l'a endurci et l'a fait mûrir. Il sera un artiste ou un comédien. Il est sûr de lui, entièrement confiant, mais n'a aucun plan. Dès son arrivée, il remarque une annonce pour devenir messager dans les bureaux du Star, journal auquel il souhaite travailler de longue date. Il se rend à l'entretien portant son uniforme de la Croix Rouge pour afficher son sérieux, mais sa candidature est rejetée sur prétexte qu'il est trop âgé pour ce poste. On lui intime de tenter sa chance auprès du département transport, au vu de son expérience pour conduire des ambulances, mais personne ne donne suite à son dossier.

Walt rejoint alors son frère Roy à Kansas City, en octobre 1919. Démobilisé de la Navy, ce dernier est désormais guichetier à la First National Bank. Un collègue de Roy indique que le Pesmen-Rubin Commercial Art Studio recherche un stagiaire. Walt s'y rend et présente ses dessins de la France à Louis Pesmen et William Rubin, les propriétaires du studio. Il est engagé immédiatement, avec une période d'essai d'une semaine durant laquelle il ne quitte pas sa planche à dessin. Le vendredi, Rubin lui propose un salaire mensuel de 50$ que le jeune Disney accepte avec enthousiasme. Il s'empresse d'en parler à sa tante Margaret, femme de Robert, le frère de son père. Il veut la remercier pour avoir instigué en lui cette passion du dessin, du temps où la famille habitait Marceline. Il proclame : "Tata, regarde, ils me paient pour dessiner !". Toutefois, Margaret est une femme âgée désormais, et elle ne réagit presque pas à la nouvelle. Bien qu'attristé, il n'en perd pas son optimisme et sa fierté.

L'emploi consiste à illustrer des publicités et des catalogues : il réalise par exemple la couverture du programme hebdomadaire du Newman Theater. Walt se charge de créer les ébauches brutes, que ses patrons peaufinent par la suite (voire redessinent). Si les cours d'art lui ont appris la précision et la finesse, Pesmen-Rubin lui apprend la vitesse et l'efficacité, par l'usage de différents outils et techniques. C'est également là qu'il rencontre le jeune animateur Ubbe Ert Iwwerks (qui changera plus tard son nom en Ub Iwerks). Il s'agit d'un personnage impassible, assez morose ; un "péquenaud" selon Walt. Les deux ne s'apprécient pas tant que ça, et restent des connaissances cordiales. Souhaitant faire ses preuves, le jeune Disney abat le plus de travail possible. Toutefois, cela n'est pas suffisant. En décembre, une fois passée la période des commandes de Noël, le contrat de Walt s'achève et n'est pas reconduit. Il rejoint alors son frère Herbert au bureau de poste et livre le courrier jusqu'à la fin de l'année.

1920–1937[]

La rencontre avec Ub Iwerks[]

Herbert disney

Portrait de Herbert Disney, aîné de la fratrie

Au début de l'année 1920, Walt est de nouveau sans emploi, sans perspective. Il vit à Bellefontaine chez Herbert et Roy, et passe son temps à dessiner dans sa chambre. Il rêve de dessiner des caricatures politiques pour les journaux. N'ayant passé que six semaines à Pesmen-Rubin, Walt n'est pas vraiment un artiste commercial professionnel. Pourtant, lors du recensement, il se proclame dessinateur de bande dessinée. Il se met en tête d'ouvrir son propre studio, en attendant d'être engagé par un journal. La visite d'un ancien collègue précipite la réalisation de son plan. Ubbe Iwwerks a également été licencié par Pesmen-Rubin, et se retrouve, tout comme Walt, sans perspective d'avenir et sans revenu. Le jeune homme est affligé, car il doit subvenir aux besoins de sa mère. C'est décidé : Walt demande à Iwwerks de réunir un échantillon de ses meilleurs dessins pour rechercher des clients. Ensemble, ils monteraient leur propre studio. En janvier 1920, après avoir été renvoyés par Pesman-Rubin Commercial Art Studio, Walt fonde avec son ex-collègue Ubbe Iwwerks la société Iwwerks-Disney Commercial Artists. Les deux artistes ont quitté le lycée avant d'obtenir leur diplôme, et sont en grande partie autodidactes. Le premier se concentre sur l'aspect commercial, le second est spécialisé dans le lettrage et dessine avec une grande efficacité et une extrême méticulosité. Walt est le plus entreprenant, son contact avec les autres est facile, tandis que Ub est très timide et préfère l'intimité de la table à dessin.

Walt a fourni deux versions des événements. Dans la première, il s'est rendu directement chez les imprimeurs et a rapidement obtenu des missions de lettrage et de dessin pour des programmes de cinémas. Dans la seconde, il conclut une affaire avec The Restaurant News, un périodique publicitaire gratuit publié par la branche de la National Restaurant Association à Kansas City, dont l'objectif est pour les restaurateurs locaux de lutter contre les grèves de leurs employés. Walt déniche cette opportunité par le biais de son voisin à Bellefontaine, Clem Carder, le frère d'Al Carder, président de l'association. Al se plaint d'abord de ne pas avoir les moyens pour financer la création d'un service d'artistes. Walt objecte qu'Iwwerks-Disney s'occuperait du lettrage et de l'illustration pour les publicitaires du magazine, à seulement 10$ la page, et en échange d'un espace gratuit dans les bureaux de l'association. Puisque cela représente le même montant que Carder dépense pour recycler les vieilles illustrations sur chaque numéro, il accepte.

Walt et Iwwerks ont maintenant un bureau et un premier contrat, mais ils ne possèdent pas de matériel : il leur faut des tables à dessiner, des aérographes, et un compresseur d'air. Disney demande à son père de lui envoyer la somme qu'il a mise de côté durant son année en France. Les lettres fusent et les tractations sont longues. Walt est indigné que ses parents souhaitent savoir ce qu'il compte faire de son argent. Finalement, il obtient qu'ils lui en envoient la moitié, ce qui lui permet de se procurer l'équipement nécessaire à leur activité. Pendant ce temps, il s'est échiné à trouver de nouveaux contrats pour les imprimeries, et certaines acceptent. Avec le soutien de son ami d'enfance, il obtient du père de Walt Pfeiffer l'opportunité de réaliser le lettrage du United Leather Workers Journal. Toutes ces activités combinées rapportent au duo un peu plus de 125$, ce qui est davantage que leur salaire combiné chez Pesmen-Rubin.

Malgré ce relatif succès, aucun des associés n'envisage Iwwerks-Disney dans une perspective de long-terme. Ubbe ne se sent pas à l'aise dans son rôle d'entrepreneur, et Walt aimerait toujours dessiner des comic strips. Il glisse d'ailleurs des bandes dessinées de sa création sur les espaces inutilisés des impressions publicitaires qu'il réalise, puis les intègre à des pages de journal pour faire croire qu'elles ont été réellement publiées. Ainsi, il espère impressionner un éventuel employeur. Fin janvier 1920, Ubbe remarque une petite annonce pour la Kansas City Slide Company dans le Kansas City Star. Celle-ci réalise des intermèdes publicitaires diffusés dans les cinémas. Walt propose de devenir sous-traitant, mais l'entreprise objecte qu'elle recherche des employés à temps plein. Walt hésite, mais est convaincu par son associé, qui fait remarquer le salaire de 35$ par semaine, et l'intitulé de l'emploi : dessinateur de bandes dessinées.

Animateur à Kansas City[]

L'animation, un nouveau coup de foudre[]
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Disney en train de dessiner.

Walt est engagé par la Kansas City Slide Company (qui deviendra plus tard la Kansas City Film Ad Company) au début du mois de février 1920, à la suite d'une offre d'emploi dans le Kansas City Star. La société ne compte que vingt employés mais est déjà la plus grande, au niveau national, à fournir des intermèdes publicitaires par courrier. Son expansion est très rapide et son succès indéniable. A sa tête, l'homme qui se définit comme "l'un des pionniers du commerce de l'image animée", Arthur Verne Cauger. Ingénieur mécanique de formation, A. V. Cauger se lance dans l'entreprenariat en 1907, avec l'ouverture de son propre cinéma dans l'Illinois, à Granite City. Evincé par la concurrence il change d'emplacement plusieurs fois. Son troisième établissement, situé à Neosho dans le Missouri, est contraint de fermer ses portes les après-midi car la municipalité ne le laisse pas utiliser l'énergie produite par la centrale électrique publique. Il utilise ces périodes de fermeture pour réaliser ses premières diapositives publicitaires. Finalement, le cinéma est vendu et Cauger se lance à temps plein dans le commerce des intermèdes : il produit les siennes et arpente le Midwest pour espérer les vendre. S'adaptant à la concurrence, il finit par réaliser des films publicitaires.

Walt est assigné au dessin sur des animations publicitaires primitives pour les cinémas locaux. Le procédé se veut économique : il consiste à réaliser une illustration dont on découpe les parties mobiles. Celles-ci sont fixées par des punaises et on photographie l'image à plusieurs reprises, en déplaçant légèrement les sections mobiles entre chaque prise. Le film ainsi obtenu donne l'impression d'un mouvement continu. Walt est fasciné par ce procédé, et est enthousiaste à l'idée de gagner de l'expérience. De son côté, Iwwerks est incapable de remplir les fonctions de commercial assurées par Walt et l'entreprise Iwwerks-Disney périclite. Recherchant la sécurité de l'emploi, l'ex-associé se présente à Walt en espérant obtenir une place à la Kansas City Slide Company. Moins de deux mois après sa création, Iwwerks-Disney est dissoute et Ubbe rejoint l'entreprise de films publicitaires en mars 1920.

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Carton de titre des Laugh-O-Grams.

Sur sa carte de visite, Walt se définit toujours comme un dessinateur de bandes dessinées et un artiste commercial. Toutefois, il s'est entiché du medium de l'animation, et c'est désormais la carrière qu'il souhaite poursuivre. D'ailleurs, en recevant enfin l'offre d'emploi tant attendue du Kansas City Star, il la rejette, préférant rester à la Kansas City Slides Company. A seulement dix-huit ans, le jeune employé zélé parvient à obtenir davantage d'indépendance. Il convainc Cauger de le laisser écrire ses propres publicités, puis réussit à emprunter le vieil appareil photo en acajou présent dans le bureau du chef. Entretemps, les parents de Walt rentrent à Kansas City, suite à la faillite d'O-Zell, et posent de nouveau leurs valises à Bellefontaine. Elias agrandit la maison d'un garage, espérant le louer pour engranger un revenu supplémentaire. Walt, ayant besoin d'un studio pour réaliser ses propres animations avec son appareil photo, offre à son père de louer lui-même le garage pour 5$ le mois. Roy dira que Walt n'a jamais payé. Roy aide Walt à bricoler l'appareil photo pour pouvoir le rendre capable d'animer. Dorothy, la fille d'Herbert et nièce de Walt, se souviendra que son oncle passe durant cette période tout son temps dans le garage, à expérimenter, trafiquer, dessiner, dès qu'il rentre du travail et bien après que tout le monde aille se coucher.

La famille Disney ne prête pas beaucoup attention à la nouvelle lubie de Walt. L'animation n'existe que depuis deux décennies. Jusqu'en 1915, elle est présentée exclusivement comme une forme de tour de magie, de curiosité, qui suffit en elle-même à satisfaire le public. Elle évolue ensuite au gré des tentatives d'une poignée d'anciens dessinateurs de presse qui aboutissent à des courts métrages très rudimentaires techniquement et dépourvus de réelle trame narrative. Walt a donc peu de savoir-faire à rattraper pour se lancer dans la création de ses propres animations. Il emprunte à la bibliothèque de Kansas City le seul livre traitant d'animation : Animated Cartoons: How They Are Made, Their Origin and Development par Edwin G. Lutz, tout juste publié. L'auteur y explique les dernières méthodes inventées à New York. Walt dira plus tard du livre qu'il n'était guère profond, mais il semble avoir laissé une empreinte indéniable sur le jeune homme de Kansas City. Il y est notamment décrit le procédé de dessin des éléments animés sur celluloïd (une feuille de plastique transparente) qu'on superpose sur les arrières-plans peints qui eux ne bougent pas. Il étudie également le mouvement, à l'aide d'un livre d'Eadweard Muybridge figurant des photographies d'animaux qu'Iwwerks a emprunté à la bibliothèque. De plus, il retourne aux cours du soir du Kansas City Art Institute avec ses collègues.

En été 1920, l'entreprise dans laquelle Walt travaille change de bureaux pour s'agrandir, et modifie son nom pour devenir la Kansas City Film Ad Company. Entre la fin de l'été et le début de l'automne, Disney et Fred Harman, le grand frère d'un de ses collègues, produisent pour s'entraîner un court métrage d'animation nommé Le Petit Artiste. Suivant les conseils du livre de Lutz, Walt et Harman ont déjà réalisé un film en prise de vue réelle qui traite des problèmes locaux, le Kansas City Journal Screen Review. Ces derniers ont tenté de le vendre au journal comme un supplément cinématographique, mais cela n'a pas fonctionné. Toutefois, les deux acolytes s'essaient à réaliser un édito animé. Walt le montre à son ancien employeur, Louis Pesmen, qui se rappellera avoir été très amusé par le gag d'un homme dont la barbe pousse alors qu'il attend le tramway ; un commentaire satirique sur la lenteur du service de transports de Kansas City. Celui-ci suggère de montrer la courte animation à Frank L. Newman, propriétaire de la chaîne de cinémas Newman. Walt a déjà dessiné les programmes de la Newman Theater Company durant son temps chez Pesmen-Rubin.

Portant avec lui ses animations d'une minute baptisées Newman Laugh-O-Grams, Walt se rend au Newman Theater situé sur Main Street, à Kansas City. Le cinéma a tout d'un véritable palais : 1000 places, du marbre italien au sol, architecture style Renaissance et toilettes décorés façon Louis XV. Walt offrira deux versions de cet événement survenu au début de l'année 1921. Dans la première, Walt expliquera avoir montré les cartoons à M. Newman en personne, qui les aurait appréciés. Ce dernier aurait donc demandé au jeune homme combien coûterait la production des courts-métrages, qui aurait répondu 30 centimes le pied de bobine, sans réaliser que cela couvrait à peine les coûts de production sans générer de profit. Newman aurait accepté sur le champ. La seconde version est probablement plus proche de la réalité, car corroborée par des échanges épistolaires entre Walt et Newman plus tard dans leurs vies. Walt aurait plutôt rencontré Milton Feld, le second du propriétaire, qui aurait immédiatement commandé de nouveaux courts. Le pilote est diffusé en salle pour la première fois le 20 mars 1921.

Malgré leur relatif succès auprès des clients du Newman, Walt ne peut pas produire ses Laugh-O-Grams aussi régulièrement qu'il le souhaite, car il est déjà trop occupé par son travail à la Kansas City Film Ad. Co.. Après avoir placé une annonce dans le journal, il reçoit l'aide d'un lycéen nommé Rudy Ising, intéressé par l'animation. Sans percevoir aucun profit, les deux jeunes hommes se retrouvent au garage de la propriété des Disney à Bellefontaine le soir pour réaliser les courts-métrages. Walt dessine au crayon bleu, tandis que Rudy encre les dessins, puis les photographie en y superposant des prises de vues de la main de Disney, donnant l'impression que le personnage à l'écran est dessiné par l'artiste à mesure que le film se déroule. La qualité de l'animation reste rudimentaire, mais le succès local est au rendez-vous. Les cartoons, parfois critiques, traitent des problèmes locaux et, pour cette raison, plaisent au public. Pour les créer, Disney se base sur les Aesop’s Fables de Paul Terry, série de courts métrages d’animation lancée le 13 mai 1921 et très populaire à l’époque. Walt obtient l'attention des clients du cinéma. A.V. Cauger, son patron à la Film Ad. Co. l'augmente, faisant passer son salaire à 60$ par semaine, et emprunte sa bobine du pilote des Laugh-O-Grams pour présenter le savoir-faire des employés aux potentiels clients.

Avec son collègue Harman, Walt s'essaie aussi à tourner des films en prises de vues réelles. Moins cher à produire, ceux-ci sont surtout des expérimentations dans lesquelles Disney apparait toujours en costume. Cette association porte officieusement le nom de Kay Cee Studios. Ensemble, ils se procurent une Ford Model T, et tentent de mettre leur caméra au service de l'actualité. Ils sont embauchés par Pathé pour filmer la convention de l'American Legion, une association de vétérans. Walt aurait pu se placer à la fenêtre d'un bureau appartenant au père d'un ami et qui était situé en face de l'événement, mais au dernier moment, il a préféré louer un avion pour survoler l'endroit. Les images prises depuis le ciel sont néanmoins sous-exposées, et le développement de la pellicule ne donne que du noir. Son ambition continue de grandir jusqu'à ce que Walt exprime l'envie de réaliser des cartoons plus longs qu'une ou deux minutes. Cauger refuse son offre, mais lui confie néanmoins un local adjacent à la Film Ad. Co., où le jeune homme dessine après chaque jour de travail.

Laugh-O-Grams Films Inc.[]
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La bande d'animateurs à Kansas City.

Fort de ce succès à l’échelle régionale, Disney souhaite s'appuyer sur ses revenus à la Kansas City Film Ad Company pour financer ses propres productions, et pourquoi pas finir par créer sa propre société. En automne 1921, il achète une caméra Universal et un trépied grâce à 300$ puisés dans ses économies. Il rassemble une équipe d'animateurs en herbe qui, comme Rudy Ising, ne sont pas rémunérés, en échange d'une promesse d'embauche si les affaires tournent bien. Quelques-uns rejoignent les deux jeunes hommes au garage de Bellefontaine le soir. Inspiré par le travail de Paul Terry, qui modernise les fables d'Esope sous la forme des Terry's fables, Walt souhaite réaliser un court-métrage basé sur un conte de fées, auquel on ajouterait une touche contemporaine. Selon les sources, le premier projet sur lequel les équipes travaillent est soit une parodie de du Petit Chaperon Rouge, soit des Musiciens de Brême. Il sera complété au bout de six mois, du fait que Disney ne peut s'y atteler qu'en dehors de ses heures de travail, et que les autres sont très inexpérimentés. Dès le printemps 1922, il sillonne l'Etat pour essayer de vendre son film aux cinémas, ou offrir de réaliser des publicités. Cela ne s'avère pas très viable : la Ford T est saisie par la banque.

Walt n'a pas vraiment d'opportunité de carrière lorsqu'il décide de quitter la Film Ad Co. Il ne veut plus être employé, malgré les conseils de son père. De fait, Walt fume la pipe et porte un masque de sommeil au travail. Roy, sentant que le patron AV Cauger commence à considérer Walt comme un potentiel compétiteur, se montre plus encourageant. Disney entreprend alors de créer sa propre société (sous le statut d'association) le 18 mai 1922, la Laugh-O-Gram Films Inc. Le nom lui vient de ses courts-métrages pour Newman. Les statuts de l'association listent Walt en tant que président (même s'il est toujours mineur, car il a moins de 21 ans), et décrivent ses activités comme suit : "posséder, réaliser, produire, acheter, louer, vendre, sortir, distribuer, faire commerce dans le domaine de la publicité audiovisuelle, industrielle et commerciale, et des images animées de tout type et caractère", sans compter la possibilité de louer des équipements et de faire fonctionner un laboratoire de développement photographique.

Pour l’aider dans la création de dessins animés, Disney décide d’engager plusieurs collaborateurs : Ub Iwerks est naturellement de la partie, aux côtés de Hugh Harman, Rudolf Ising, Carman Maxwell, Iorey Tague et Otto Willman. La série des Laugh-O-Grams est lancée, et les films commercialisés, comme Little Red Riding Hood, The Four Musicians of Bremen, Jack and the Beanstalk, Puss in Boots et Cinderella, sont une réussite. Toutefois, bien que le studio continue à se faire connaître dans la région de Kansas City, les coûts de production dépassent les revenus. La société fait ainsi face à de forts problèmes financiers notamment dus à son distributeur, Pictural Club, qui ne paie aucun frais et finit par déposer le bilan à l’automne 1922.

Départ pour Hollywood et Alice Comedies[]

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Disney devant sa place de travail.

Disney, désargenté, se voit ainsi obligé de quitter son logement. N’ayant pas le choix financièrement, il accepte de réaliser deux films publicitaires pour un dentiste du nom de Thomas McCrum, Tommy Tucker's Tooth et Clara Cleans Her Teeth. En parallèle, il entame avec ses collaborateurs la production de Alice’s Wonderland, un cartoon mêlant animation et prise de vue réelle et reprenant des éléments du roman de Lewis Caroll, Alice in Wonderland. Malgré des contacts avec la distributrice new-yorkaise Margaret Winkler, Disney est obligé de déclarer faillite en juillet 1923 et ne peut ainsi finir le cartoon.

C’est alors qu’il décide de partir pour Hollywood, où se trouve son frère Roy. Il paie son billet de train pour la Californie grâce à ses petites activités en tant que photographe et à la vente de sa caméra, et n’oublie pas de prendre dans ses bagages Alice’s Wonderland. Il se voit cependant obligé de laisser son équipe d’animateurs à Kansas City, mais leur promet de les faire venir le plus rapidement possible à Hollywood.

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Carton de la série Alice Comedies.

Arrivé dans la ville qui est alors le nouveau centre du cinéma mondial, Disney s’installe chez son oncle Robert, dont le garage deviendra le lieu de travail de Disney Brothers Studio, l’affaire montée entre Walt et Roy. A ce moment-là, Disney reprend contact avec Margaret Winkler, déjà détentrice des droits de la série Félix le Chat, qui se montre particulièrement intéressée par une série de cartoons reprenant les bases de Alice’s Wonderland. Le 16 octobre 1923, un contrat de distribution est signé et Disney Brothers Studio s’engage à fournir à Winkler douze courts métrages faisant partie d’une série qui sera baptisée Alice Comedies. Cette date marque ainsi la création officielle des studios Disney.

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La petite Virgina Davis, interprète du rôle d'Alice.

Pour mener à bien la réalisation de ces cartoons, Disney entreprend de faire venir du Kansas Virgina Davis, la petite fille ayant interprété le rôle d’Alice dans Alice’s Wonderland. Au début, il s’occupe tout seul de l’animation des dessins animés, mais il sera vite rejoint par Rollin Hamilton puis, en 1924, par Ub Iwerks, Hugh Harman et Rudolf Ising, ses anciens collaborateurs tout droit venus de Kansas City. Il emploie également deux femmes, dont l’une d’elles, Lillian Bounds, intervalliste et secrétaire au sein du Disney Brothers Studio, deviendra la femme de Walt Disney peu après le 13 juillet 1925. La série des Alice Comedies continue de se développer et, signe de son importance grandissante, Disney doit désormais négocier avec Charles Mintz, le mari de Margaret Winkler. Par ailleurs, voyant son équipe de collaborateurs s’agrandir, Disney, qui louait jusqu’alors un local sur Kingswell Avenue, investit quatre cents dollars le 6 juillet 1925 afin d’acheter un terrain sur Hyperion Avenue pour y accueillir tous les animateurs. En parallèle, les parents de Virginia Davis retirent leur fille de la série, en raison d’un chèque impayé. Elle sera alors remplacée dans le rôle d’Alice par Dawn O'Day puis par Margie Gay. En 1926, le Disney Brothers Studio réalise tous les seize jours un épisode d'Alice Comedies. Le dessin animé est désormais plutôt centré sur l'animation et sur les gags du chat que de de la petite fille. Les studios décident de déménager dans le quartier de Silver Lane à Los Angeles et Disney annonce à son frère Roy que le studio ne sera plus nommé le Disney Brothers Studio mais le Walt Disney Studio.

La nouvelle série Oswald le Lapin Chanceux[]

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Affiche de Trolley Troubles, premier court métrage de la série Oswald le Lapin Chanceux.

En fin d'année 1926, la série Alice est à bout-de-souffle. Disney et ses collaborateurs trouvent un nouveau petit personnage, Oswald le Lapin Chanceux, qui sera le centre d’une toute nouvelle série. Disney est en charge du scénario et des gags et les animateurs des dessins. La société Universal Pictures commande à Disney vingt-six épisodes, et le lapin s'avère un bon succès pour les studios. Toutefois, les animateurs commencent, en cette année 1927, à avoir de plus en plus de mal à supporter le caractère de Walt Disney qui les paye peu et s'attribue très souvent tout le mérite. A cette époque, Charles Mintz, mari et associé de Mary Winkler prend sa place et le contrôle de Winkler Pictures. Un jour, Ub Iwerks, animateur dans l'équipe des frères Disney depuis presque le début de l'aventure, prévient Walt que Winkler, propriétaire des droits d'Oswald, a demandé aux animateurs de le rejoindre pour continuer la production de dessins animés avec le lapin sans Disney. N'y croyant pas, Walt ignore cette affaire et continue la production du dessin animé jusqu'au mois de février 1928 où, suite à un voyage à New York pour négocier avec Charles Winkler une part plus importante des bénéfices de la série Oswald, ce dernier lui apprend que presque tous les animateurs vont partir et lui annonce qu'il va continuer l'aventure sans lui. C'est le second échec de Walt Disney, qui est dévasté.

Mickey Mouse, une souris qui deviendra grande[]

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Disney avec Mickey Mouse, symbole de son entreprise.

Quelques semaines plus tard, Walt est de retour à Los Angeles, mais il a perdu sa joie de vivre en raison de la désillusion qu’il a connue par rapport à Oswald. Néanmoins, il veut trouver une nouvelle idée ; pour cela, il va réunir tous les jours Roy, Ub Iwerks et quelques fidèles. Ils arrivent à trouver une nouvelle idée : une souris. Iwerks crée un petit personnage avec un museau allongé, des oreilles rondes et un corps en forme de poire. Walt Disney veut l'appeler Mortimer mais Lillian, sa femme, refuse ce nom, et propose de le nommer Mickey.

Après le précédent échec des Oswald et celui des Alice Comedies, aucun studio ne veut prendre le risque de financer ce nouveau projet. De plus, les premiers courts métrages avec Mickey Mouse, L'Avion fou et Mickey gaucho, n'intéressent personne. Walt Disney voit qu'il manque quelque chose à ces cartoons pour qu'ils aient du succès. Il a alors l'idée ambitieuse d'y ajouter du son. À cette époque, ce projet semble impossible mais, grâce à une machine révolutionnaire, Disney déniche un système sophistiqué permettant son aboutissement. Il part enregistrer les sons à New York mais il manque d'argent pour cela. Il fait à nouveau appel à son frère Roy qui accepte de lui fournir une aide financière. Aussi, Disney vendra son automobile et arrivera à obtenir le fameux Cinephone. Pat Powers, qui lui avait proposé ce système, accepte également, grâce à sa société Celebrity Pictures, de distribuer ses réalisations.

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Mickey dans Steamboat Willie, sa première apparition officielle.

En novembre 1928, Steamboat Willie sort en salle, et devient officiellement la première apparition de Mickey Mouse. La musique exactement synchronisée avec le film ébahit le public : c'est du jamais vu, et le succès est donc phénoménal. Mickey, la petite souris, devient un héros populaire. Dès ce premier dessin animé, donc dès ses tous premiers pas, Minnie Mouse accompagne le nouveau personnage et devient déjà sa « petite amie ».

Silly Symphonies, le succès continue[]

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La Danse macabre, première Silly Symphony.

En 1929, Mickey est à la pointe du succès. Disney décide alors de créer grâce aux bénéfices de la petite souris une nouvelle série de dessins animés : les Sylly Symphonies. L'idée est d'animer des personnages, des animaux, des objets en fonction d'une musique. La série débute avec La Danse macabre : c'est aussi un succès pour les studios.

En 1930, malgré la crise économique, le succès de Mickey ne cesse d'accroître. Les produits dérivés se vendent par milliers voire par millions. Mickey commence à se faire une place dans le monde entier. Néanmoins, Disney décide d'abandonner cette année-là Pat Powers, qui l'a aidé à faire naître Mickey, pour un contrat de distribution avec la société Columbia Pictures. Iwerks quitte alors les studios et crée sa propre société de cartoons avec Powers. Le départ d'Iwerks est en grande partie due au caractère de Walt qui l'exaspère. Disney refuse de mettre le nom de ses animateurs dans les films et confisque ces derniers de reconnaissance par le public.

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Première image de Mickey en bande dessinée, tirée de Mickey et l'île mystérieuse.

Du 13 janvier 1930 au 31 mars 1931, Mickey voit sa première aventure en bande dessinée baptisée Mickey et l'île mystérieuse. Tous les jours, des strips sont publiés dans un quotidien. Iwerks commence a dessiné quelques strips mais, suite à son départ, Disney le remplace par des nouveaux comme Floyd Gottfredson, encore inconnu à l'époque, et qui deviendra rapidement le plus célèbre des dessinateurs de Mickey. En outre, toujours en 1930, dans Symphonie enchaînée, Mickey Mouse rencontre un chien qui va désormais apparaître à ses côtés dans différents dessins animés et devenir son fidèle animal de compagnie : ce chien sera nommé l'année suivante Pluto.

Dépression, sport et nouvelles techniques[]

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Disney jouant au polo.

Suite à la crise subie par les studios à cause des fortes sommes dépensées pour développer de nouvelles techniques, Walt fait une dépression. Sur les conseils de son médecin, il part en croisière avec sa femme Lillian. Par ailleurs, pour se vider la tête, Disney décide de pratiquer l’équitation, le golf et même le baseball avec ses équipes, et s’inscrit notamment à l’Athletic Club d'Hollywood pour y jouer au polo, sa passion. Disney devra néanmoins quitter le club à cause d’une blessure l’empêchant de continuer la pratique de son sport favori.

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Des arbres et des fleurs, premier court métrage en couleurs.

Le 30 juillet 1932 sort le court métrage de la série Silly Symphonies, Des arbres et des fleurs, le premier dessin animé réalisé par la firme de Disney et utilisant le procédé Technicolor, permettant d’obtenir des animations en couleurs. La même année, le dessin animé remporte l’Oscar du meilleur court métrage d'animation. Par la suite, le dessin animé Parade des nommés aux Oscars est le premier à utiliser le système sonore RCA Photophone. À cette époque, plus de quarante animateurs travaillent pour les studios, et les dessins animés des séries Mickey Mouse et Silly Symphonies sont toujours plus nombreux chaque année.

Toutefois, ces productions ont un coût, et il est spécialement élevé pour l’époque. Ainsi, un court métrage de huit minutes réalisé par les studios Disney coûte 13 000 dollars alors que les autres studios dépassent rarement des budgets de 2 500 dollars. Disney a donc de la peine à rentrer dans ses frais et, après être passé de Colombia à United Artists en 1932, il décide de négocier un contrat d’exclusivité de deux ans avec Technicolor afin de pouvoir amortir ses dépenses, toujours plus élevées en raison du coût exorbitant de la couleur. Le revenu des séries est ainsi juste satisfaisant, et Disney ne peut en tirer de réels bénéfices.

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Walt et Lillian avec leur première fille, Diane Marie.

D’un point de vue personnel, Disney avait toujours voulu avoir un enfant, et, en raison d’une volonté de créer une « dynastie » pour son entreprise, il désirait avant tout avoir un garçon, à l’image de Roy Edward Disney, le fils de son frère Roy et de la femme de celui-ci, Edna. Finalement, Lillian accouche de la petite Diane Marie Disney, le 19 décembre 1933.

En parallèle, la Disney Animation Library est créée en 1934. Il s’agit d’une bibliothèque regroupant plus de trois cent cinquante livres dont l’usage est réservé aux employés des studios, qui s’en servent comme source d’inspiration pour ses dessins animés et notamment ses futurs longs métrages. Disney y regroupe ainsi de nombreuses œuvres littéraires et beaucoup de dessins très variés.

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Donald Duck, Peter Pig et Mère Poule dans Une petite poule avisée.

En juin de la même année, l’épisode des Silly Symphonies intitulé Une petite poule avisée voit apparaître pour la première fois le personnage de Donald Duck qui deviendra vite une figure mythique de la société, aux côtés de Mickey et de Dingo.

Aussi, Disney décide de diversifier ses activités et se lance dans la vente de produits dérivés de ses films, et notamment des bandes dessinées, qui deviennent relativement vite de petits journaux comme en Italie, où le premier journal consacré à Mickey sort fin 1932. En France, il faut attendre 1934 pour voir la sortie du tout premier numéro du Journal de Mickey.

1937–1954[]

Production de Blanche-Neige et les Sept nains[]

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Walt Disney en 1935.

Par ailleurs, afin d’augmenter les revenues de la compagnie, Walt lance en 1934 la réalisation d’un long-métrage basé sur le conte de Blanche-Neige. Pour cela, il fait voir à ses équipes un film muet datant de 1919 : Blanche-Neige avec Marguerite Clark, qui deviendra la base sur laquelle travailleront les animateurs. Le public et la concurrence pensent que Disney court à sa perte car un tel projet, qu’ils appellent « la folie de Disney », semble irréalisable. Roy et Lillian essayent de raisonner Walt et de lui faire abandonner son idée, mais Disney ne veut rien entendre et continue de travailler sur le projet.

Le 8 janvier 1936, Walt Disney se voit décerner la Légion d'Honneur pour la création de Mickey Mouse au sein de ses studios. En parallèle, en plus de leur fille biologique, les Disney adoptent également une autre fille, Sharon, née le 18 décembre 1936, en janvier 1937. En parallèle, pour convaincre les responsables financiers de la Bank of America de remplir le budget de Blanche-Neige et les Sept Nains, Walt présente un extrait non finalisé du film à l'un de leurs représentants, ce dernier prédisant le succès immense du film et, sous leur pression, s'engage à le sortir avant la période de Noël 1937. Le budget avoisine finalement un million et demi de dollars, soit six fois plus que ce qui était prévu en 1934. L'importante campagne publicitaire est confiée au célèbre artiste suédois Gustaf Tenggren, embauché en 1936.

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Affiche du long métrage Blanche-Neige et les Sept nains.

L'invention de la caméra multi-plane par les animateurs Disney, technique consistant à créer l'illusion de la profondeur, pour le changement de perspective dont l'arrière-plan fait l'objet à mesure que la caméra avance, est une étape majeure qui se concrétise pour la première fois dans le court-métrage de la série Silly Symphony, Le Vieux Moulin, sorti en 1937 et récompensé par l'Oscar du meilleur court-métrage. Même si la production de Blanche-Neige et les Sept Nains est achevée avant l'aboutissement du procédé, Disney décide de faire redessiner certaines scènes pour que son projet bénéficie des nouveaux effets.

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L'Académie des Arts et des Sciences, par le biais de la jeune actrice Shirley Temple, décerna à Walt Disney un Oscar d'honneur de taille normale accompagné de sept petites statuettes.

La « folie de Disney » se voit convertie en « triomphe » dans la presse lorsque Blanche-Neige et les Sept Nains est projeté pour la première fois le 21 décembre 1937 au Carthay Circle Theatre devant le tout Hollywood. Walt Disney a réussi son pari de produire le premier long-métrage d'animation en couleurs. Après une avant-première new-yorkaise au Radio City Music Hall, cinéma le plus prestigieux au monde, le film sort en salles en février 1938 aux États-Unis puis est distribué dans le monde entier, restant à l'affiche durant des mois. Le talent de Walt Disney se voit aussi reconnu lorsque l'Académie des Arts et des Sciences, par le biais de la jeune actrice Shirley Temple, lui décerne un Oscar d'honneur de taille normale accompagné de sept petites statuettes. C'est d'ailleurs là qu'il annonce la production d'un nouveau long-métrage adapté d'une histoire européenne, Pinocchio de Carlo Collodi, dont la production commence début 1938 et qui sort en 1940. Le succès de son premier long-métrage lui apporte en effet « la liberté de développer d'autres projets créatifs encore plus ambitieux » (J.B. Kaufman) pour constituer ce que le Walt Disney Family Museum nomme « l'Âge d'or de l'animation ».

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Disney faisant la promotion de Blanche-Neige et les Sept nains.

Le film rapporte huit millions de dollars au box office lors de sa première diffusion et est ainsi le plus grand succès cinématographique jusqu'à être dépassé par Autant en emporte le vent, sorti en 1939. Grâce au merchandising initié par Kay Kamen, qui permet au public de retrouver ses personnages préférés dans une multitude de produits dérivés, les personnages du film, à l'instar de Mickey ou des Trois petits cochons, mais aussi les chansons, reproduites sous forme de partitions et objets de succès du hit-parade et de la radio, apportent à la société un chiffre d'affaires conséquent, renflouant le budget des prochains films tels que Fantasia ou Pinocchio.

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Flora et Elias Disney, les parents de Walt.

Walt et Roy déménagent le studio à Burbank où il y est construit sous forme de campus et agrandi pour garantir la gestion de son activité croissante et abriter de nombreux travailleurs. Il ouvre le 24 décembre 1939. Parallèlement, en 1938, les frères Disney offrent un nouvel appartement à leurs parents. Dans la nuit du 26 novembre 1938, Flora, leur mère, y perd la vie du fait d'un dysfonctionnement provenant de la chaudière à gaz qui l'asphyxie elle et son mari, ce dernier étant transporté à l'hôpital où il survit. Pour distraire son père Elias, désormais veuf, Walt lui propose la supervision des travaux de son nouveau studio. Il meurt le 14 septembre 1941. Walt restera chagriné par cet accident pour le restant de sa vie.

Les productions animées, parallèles aux bandes-dessinées, avec des dessinateurs comme Floyd Gottfredson, et aux produits dérivés, se poursuivent avec le début des séries de courts métrages centrées sur Donald et Pluto en 1937, et Dingo en 1939, tandis que la série des Silly Symphonies s'achève en 1939 avec une deuxième version du Vilain petit canard, auréolé d'un Oscar la même année. Pour J.B. Kaufman, « le succès de Blanche-Neige représente un tournant. Ses-court-métrages lui ont déjà procuré un succès international, mais ce long-métrage confère un niveau de consécration inédit. »

Échec de Fantasia et grève dans les studios[]

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Walt Disney en compagnie de Léopold Stokowski, le compositeur de la musique de Fantasia.

Pour redorer la popularité de son personnage phare, Mickey Mouse, mis à mal par l'essor de ses camarades Donald, Pluto et Dingo, Walt Disney a l'idée de réaliser un court métrage avec Mickey, basé sur L'Apprenti sorcier, alliant images animées et musique classique comme forme d'expérimentation artistique mais aussi afin que le jeune public renoue avec ce genre de musique. Une rencontre avec le chef d'orchestre Léopold Stokowski aboutit au projet et à la réalisation du « film orchestre » de Walt Disney, Fantasia, dont la production débute en novembre 1938 et qui sort en 1940. Il s'agit d'une succession de séquences animées avec une bande-son composée de la musique enregistrée par l'orchestre de Stokowski à Philadelphie. Preuve de sa volonté expérimentale, Fantasia est l'unique long-métrage à employer le système sonore Fantasound, spécialement développé pour les studios à partir de 1938. Si Walt Disney prévoit la réalisation d'autres long-métrages similaires avec de nouvelles séquences venant s'ajouter aux autres et remplacer certaines, l'échec commercial de Fantasia, principalement dû à la fermeture du marché européen pour causes de guerre, met un terme à ses ambitions. Un autre Oscar d'honneur reconnaît néanmoins son esprit d'innovation. Par ailleurs, le long-métrage Pinocchio, sorti le 7 février 1940, sera également une déception financière.

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Employés des studios Disney en grève.

Face aux pertes financières suivant ces échecs, qui créent une dette substantielle à la fin du mois de février 1941, Roy ouvre le capital de la société de son frère à l'investissement boursier en 1940, la vente d'actions étant source de bénéfices pour l'entreprise, et met en place de fortes baisses salariales, celles-ci conduisant à la grève de 1941. Certains artistes contestent ainsi leurs conditions de travail, l’absence de leurs noms aux génériques des dessins animés et leur rémunération. Les employés de Disney se syndicalisent alors, notamment chez la Screen Cartoonist Federation ainsi que la Screen Cartoonist Guild. La grève est lancée le 29 mai 1941 et Disney est accablé lors des réunions syndicales.

Seconde Guerre mondiale, effort de guerre et tournée en Amérique latine[]

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El Grupo, l'équipe Disney s'étant rendue en Amérique latine.

La même année, Walt est sollicité par le Département d’État de l’administration Roosevelt, supervisé par Nelson Rockefeller, afin de représenter les États-Unis en Amérique latine et de contrer l’influence du nazisme et du fascisme qui pourraient naître dans la région, dans un but de « politique de bon voisinage ». Même si Disney est au début sceptique, il accepte finalement ce voyage, poussé par son frère Roy qui préfère l’éloigner des studios quelques temps afin d’apaiser la grève. Walt est donc à la tête d’El Grupo, l’équipe avec laquelle il se rend au Mexique, au Brésil, en Argentine, au Chili, au Panama, etc. Le voyage s’avéra plus qu’un simple séjour diplomatique, permettant également de réunir le matériel et les idées pour faire de nouveaux films tels que Saludos Amigos, Les Trois Caballeros et quelques courts métrages spéciaux, qui furent tous de fameux succès pour Disney.

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Disney montrant des dessins de propagande à un chef de l'armée américaine.

Toujours en 1941, Disney décide de participer à l’effort de guerre, ce qui permet de populariser encore plus les studios à travers le pays. En parallèle, le film Dumbo, peu coûteux, est produit dans l’objectif d’en tirer des bénéfices rapidement. En dépit de la grève qui frappait la production du dessin animé, celui-ci sort en octobre 1941 et se révèle vite être un succès. Cependant, les États-Unis entrent dans la foulée dans la Seconde Guerre mondiale, ce qui marque la réquisition des studios Disney par l’armée. Celle-ci demande aux équipes de créer d’une part des films d’entraînement et d’instruction pour les militaires, et d’autre part des films de propagande, tels que les célèbres Der Fuehrer's Face, qui remporte un Oscar en 1943, et Victory Through Air Power. Les principaux personnages de Disney, comme Donald, Mickey, Pluto, Tic et Tac et les Sept nains, servent bientôt presque exclusivement à la propagande de guerre. Cela n’amène toutefois pas une amélioration financière pour les studios, car ces films produits pour l’armée rapportent peu, et, en outre, la sortie de Bambi en avril 1942 s’était passée dans l’indifférence quasi-générale. C’est en 1944 que Disney décide de changer de stratégie commerciale : il ressort son long métrage Blanche-Neige et les Sept nains, qui s’avère de nouveau être particulièrement lucratif, entraînant une tradition de réédition tous les sept ans des films Disney aux États-Unis.

Après-guerre, engagement politique, nouveaux longs métrages et passion pour les trains[]

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Walt Disney en 1946.

Après la Seconde Guerre mondiale, Walt Disney peut produire des longs métrages qu'il était difficile de réaliser pendant la guerre, notamment à cause des nombreux films destinés à la propagande américaine. Ainsi, pendant cette période, Disney se consacre à la production de films tels que Cendrillon, Alice au Pays des merveilles ou encore Peter Pan, qu'il finira au début des années 1950. La production de courts métrages et longs métrages s'est cependant réduite durant la fin des années 1940, notamment dû à des échecs de certains courts métrages destinés à la propagande et qui ne rapportèrent que très peu à Walt Disney. En effet, les films de propagande ont peut-être contribué, en quelque sorte, à l'effort de guerre, mais ces films étaient très onéreux et ne pouvaient pas rapporter beaucoup d'argent à la compagnie. Des longs métrages, ayant reçu peu de succès, tels que Fantasia, ont également contribué à mettre les comptes de l'entreprise dans le rouge, malgré le succès de films comme Les Trois Caballeros, durant la période 1946-1950.

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Disney travaillant sur le film Cendrillon.

Durant cette période, Disney s'engage également politiquement et participe à la « chasse aux sorcières », au maccarthysme, en dénonçant trois de ses employés durant une commission des affaires anti-américaines. Plus tard, cette dénonciation sera démentie par les trois employés, qui l'accuseront alors Walt de les avoir dénoncé à cause de la grève à laquelle ils avaient participé en 1941. Disney se montre comme un américain irréprochable, vu qu'il a indirectement participé à la guerre et contribué à la chasse aux sorcières, lui donnant ainsi une bonne image publique. L'engagement politique de Walt se reflète en partie sur ses productions. Ainsi, le long métrage Mélodie du Sud, de 1946, premier film Disney contenant de vrais acteurs, possède des allusions racistes et reçoit une critique très négative du public. C'est un des rares films qui ne sera jamais disponible en DVD à cause de ces références, même si d'autres films controversés, de propagande notamment, sont sortis en DVD par la suite. Ce n’est que plus tard, dans les années cinquante, que les studios retrouvent la croissance depuis des années de pertes alors même que la Guerre Froide approche. Cendrillon avait été un succès et la télévision commençait à apparaître.

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Disney, véritable passionné de trains.

Par ailleurs, Walt avait commencé à la fin des années quarante à collectionner des tas de figurines et décors miniatures dont il se servait pour décorer les alentours de son petit train. Cela devient vite une passion pour lui. Ainsi, il propose à Ken Anderson, un artiste de chez Disney, de peindre les objets qu’il réalise pour compléter ses paysages. Il lui donnerait de l’argent qu’il prélèverait sur sa propre paie. Anderson accepte et Walt lui confie une pièce au troisième étage du bâtiment d’animation. Ce dernier a pour ambition de créer toute une petite ville américaine autour de son train, quelque chose qui ressemblerait à Marceline. Bientôt cela ne lui suffit plus : il veut créer tout une exposition constituée de plusieurs tableaux, on l’où trouverait par exemple une grand-mère sur son rocking-chair et un groupe de chanteurs. Mais en 1951, il juge que sans mouvement, tout ne serait pas complet. Il engage donc les sculpteurs Christodoro et Wathel Rogers, le dessinateur Harper Goff, et Roger Brooggie, un mécanicien.

En mars, il a déjà dépensé vingt-quatre mille dollars de train et de miniatures, et s’implique de moins en moins dans les affaires de la compagnie. Cela ne le décourage pas car il imaginait déjà son exposition : une suite de machines dans lesquelles il faudrait mettre une pièce pour voir la vitrine de la scène. Il a même un nom : Disneylandia. Cependant, Walt se dit que ce ne serait pas rentable, et décide plutôt de participer à un concours avec son modèle de la grand-mère sur le rocking-chair en 1952. Celle-ci raconte même une histoire, et le travail est très apprécié. Cela est en fait un essai avant un projet de plus grande envergure : Walt veut créer un parc d’attraction.

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Locomotive Lilly Belle présentée à Disneyland en 1993.

Quand il emmène ses filles au parc faire un tour de manège, Walt fait une sorte de travail d’investigation. Il envisage un train qui emporterait les gens autour du studio, ou sur un terrain non loin, dans une sorte de parc Mickey. Il serait constitué tout d’abord d’une petite ville sur le modèle de Marceline, contenant une gare. Il y aurait des bancs, des boutiques, un parc, ainsi qu’un commissariat, une caserne de pompiers, et un hôtel de ville. Aussi, il y inclurait une salle de représentation et un cinéma. Le parc, lui, comprendrait des stands de nourriture et un endroit réservé aux enfants. Ce n’est pas tout : il était également question d’une ferme, d’une ville du Far-West, d’un village indien et pour finir d’une zone « carnaval » et fête foraine.

Retour aux affaires du studio, « projet Disneylandia » et films en prises de vue réelles[]

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Affiche d’Alice au Pays des Merveilles.

Walt revient aux affaires du studio. Il se rappelle qu’après le succès de Blanche-Neige, il avait, en 1938, acheté les droits d’Alice aux Pays des Merveilles. Il décide de relancer le projet en 1953. Selon le scénariste, l’histoire était difficile à adapter, et personne dans le studio n’était vraiment motivé. Walt demande à ses équipes de rendre Alice moins froide quasi constamment, mais celle-ci reste trop distante. Quand il veut abandonner, il se rend compte qu’il était trop tard, le studio y a déjà dépensé beaucoup d’argent, et tous seraient condamnés à terminer le long-métrage. Comme prévu, c’est un échec commercial puisqu’il ne rapporte que les deux tiers de son investissement.

Un film d’aventures en prises de vues réelles, une adaptation de Robin des Bois appelée The Adventures of Robin Hood and His Merrie Men est en production au Royaume-Uni, et serait financé par RKO. Walt va donc en Europe pour superviser le tournage. En fait, cela ressemble plus à des vacances qu’à un déplacement professionnel. Walt a emporté Lillian et leurs filles et ils ont fait un petit tour touristique sur le vieux continent.

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Walt Disney avec les principaux personnages de l'univers de fiction qu'il a créé.

En outre, dès son retour aux studios, Walt se remet à penser à Disneylandia. Il en parle tout le temps, aussi excité que lorsqu’il parlait de Blanche-Neige dans les années trente. Harper Goff dessine des croquis et des plans du parc, qui contient maintenant un lac et une île, sous la direction de Walt. Pourtant, son entourage est plus réservé sur le sujet. Beaucoup pensent que le projet était trop ambitieux et dangereux. Roy, lui qui a toujours veillé à l’équilibre économique et financier des studios, y voit malgré tout un moyen de gagner de l’argent avec la télévision et les émissions qui peuvent y être tournées. John Cowles était architecte, et Walt le sollicite pour réaliser des plans sur la base des dessins d’Harper Goff. Cependant la société a besoin de l’autorisation de Burbank Parks and Recreation Board. C’est pourquoi des dessins de Don DaGradi leur sont envoyés, sur lesquels figurent maintenant un vaisseau spatial, un bateau et un sous-marin. Le nom n’est toujours pas défini. On oscille entre Mickey Mouse Village et A Trip Through Disneyland, Disneylandia étant abandonné car il est déjà le nom donné au projet des miniatures. Un jour, Walt propose Disneyland, ce qui plaît, on l’on décide alors simplement que le parc sera nommé ainsi.

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Affiche de Vingt mille lieues sous les mers.

Toutefois, il faut continuer à entretenir les studios et les productions. Un autre film en prises de vue réelles débute son tournage, The Sword in The Stone, le troisième tourné en Angleterre. Cet été, Walt est une fois de plus appelé en Europe pour garder un œil sur le bon fonctionnement du tournage. C’est ensuite le tour de Rob Boy, the Highland Rogue, puis de Vingt mille lieues sous les mers, le premier film en prises de vues réelles des studios tourné aux Etats-Unis. Un C’est la Vie, La Grande Prairie, est la proie d’une grande polémique. En effet, l’État de New York décide de couper un passage du film. On y voit une mère buffle en train d’accoucher d’un bébé, ce qui, d’après la commission de censure, n’est pas approprié pour des enfants. Walt Disney est appelé à s’exprimer quant à la controverse suscitée, et le fait avec humour : « Le vrai scandale serait que les enfants de New York s’imaginent que les bébés buffles aussi sont apportés par les cigognes ». Finalement, cette décision est reconsidérée et c’est la version originale qui est diffusée.

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Affiche de Peter Pan.

D’un autre côté, Walt s’occupe aussi de Peter Pan, qui suscite chez tout le monde bien plus d’enthousiasme qu’Alice au Pays des Merveilles, et coûte aussi plus cher. Quand le film sort en février 1953, les critiques sont favorables, tout comme le public. Même si le succès du film est incontestable, Walt essaie de trouver des astuces pour améliorer la qualité sans augmenter le coût de production. Ken Peterson a l’idée de laisser les artistes les moins talentueux faire les scènes les moins complexes, plus cartoon, ce qui implique d’avoir, avant même de commencer, un script et un story-board très précis pour répartir le travail.

Walt repense souvent au passé, à ce petit studio où le premier Mickey Mouse fut réalisé, où l’effervescence de Blanche-Neige était palpable, où le groupe restreint d’animateurs se côtoyait comme une fratrie dans la bonne humeur, où chaque projet mettait tout le monde en ébullition, et où chaque succès représentait un bond historique. Aujourd’hui dans de plus grands studios, les animateurs Disney sont pour la plupart des dessinateurs moins talentueux et moins amicaux, au désespoir de Walt. Le parc le redynamise, et il tente encore une fois de recréer l’ambiance qu’il avait connu à Marceline, où l’entraide et le communautarisme régnaient.

Fondation de WED Enterprises[]

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Disney dans les locaux de WED Enterprises.

En décembre 1952 est fondée WED Enterprises (pour Walt Elias Disney). Ainsi l’utilisation du nom Walt Disney hors de sa société serait régulée. Si Roy y voit un intérêt économique, Walt a une autre idée quant à l’utilisation qui serait faite de WED. Ce serait l’endroit où on élaborerait Disneyland et ses shows télévisés. Y sont engagés Bill Cottrell, Dick Irvine, Marvin Davis, Harper Goff et John Hench. Mais ces personnes étaient des animateurs, pas des designers de parcs d’attraction. Ainsi, il demande l’aide des architectes Charles Luckman et William Pereira, mais rompt vite leur accord, jugeant qu’il n’est pas nécessaire de faire appel à eux. L’équipe effectue de nombreux voyages destinés à leur donner de l’inspiration. Ils visitent les parcs d’attraction européens, la Nouvelle-Orléans pendant Mardi Gras, étudient toutes sortes de bateaux à vapeur et de trains, et voient bien d’autres lieux. Quand ils visitent un parc, ils examinent les chemins, l’affluence et les déplacements des visiteurs… Durant la conception, Walt est dur avec les apprentis concepteurs de parcs. Il veut les pousser à proposer tout ce qu’ils peuvent. Travailler sur Disneyland le rend heureux. Enfin, il retrouve cette ambiance des premiers jours, de l’équipe réduite, des studios de l’Hyperion Avenue.

Au départ, l’idée était de faire un simple parc d’attractions, censé apporter de l’amusement, comme un Knott’s Berry Farm, mais avec des attractions plus familiales. Plus le temps passe, plus le projet évolue en un véritable pays de l’imagination, une expérience nouvelle et grandiose. Disneyland serait comme un film avec plusieurs scènes. Le saloon viendrait du film Calamity Jane, la croisière sur un fleuve de la jungle de The Africa Queen, le château serait celui dont tout le monde rêve, et Main Street USA l’idéalisation des villes américaines que Walt avait connu durant son enfance.

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Disney et son projet de Disneyland.

Walt a toujours l’idée de son parc à Burbank, mais la ville ne veut pas de parc d’attraction, donc lui et son équipe se mettent en quête d’un terrain assez grand pour accueillir son projet. Il trouve aussi important d’avoir de la marge sur les alentours du terrain acheté. En juillet 1953, WED fait appel à Harrison Price de l’Institut de Recherche de Stanford (SRI) pour chercher une parcelle où construire son parc. À la fin du mois d’août, Price a déduit que le meilleur endroit pour le parc serait Orange County, une zone au sud de Los Angeles qui était la première productrice d’oranges de la région. Finalement, le projet prend place à Anaheim, sur une parcelle de 1,6 hectare. Après avoir acheté le terrain pour un prix relativement raisonnable, Walt se met en quête de subventions pour bâtir son rêve.

Animateur et producteur de télévision[]

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Disney s'essayant au rôle d'animateur de télévision.

En effet, Walt a jusqu’à là toujours puisé dans son propre argent pour Disneyland, mais désormais cela ne suffirait plus. Sa solution est la télévision. Walt s’intéresse depuis longtemps à ce média, et dès 1950, a diffusé un show de Noël avec la coopération de Coca-Cola comme sponsor. S’y trouvaient de vieux courts-métrages et des extraits d’Alice au Pays des Merveilles qui était alors le prochain film des studios. Ce fut un succès, et c’est ce qui encourage Walt à recommencer, mais sous une autre forme. Ce serait une série, et le candidat idéal est La Marque de Zorro, un livre dont Walt a acheté les droits à travers la WED. C’est sa croisade personnelle, selon lui, et il va la proposer à plusieurs chaînes de télévision. Toutes veulent voir un pilote de l’émission, et, irrité, Walt leur répond qu’après toutes ces années à réaliser des films, il n’a pas à faire ses preuves.

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Logo du Mickey Mouse Club.

Bill Cottrell, après bien des négociations, trouve une opportunité. La chaîne veut d’un programme d’une heure montrant des extraits de films Disney, sortis ou à venir, ainsi que l’avancement de la construction de Disneyland. Cottrell propose aussi un épisode cinq jours sur sept de ce qui s’appellerait le Mickey Mouse Club, et qui serait tourné sur le parc, et un programme hebdomadaire d’une demi-heure avec des passages issus des films de la branche nature C’est la vie du studio. Pour terminer, il envisage aussi une série en prises de vues réelles du nom de World of Tommorrow pour expliquer le passé et le futur de l’humanité.

Les jours passent et Roy se doit d’avoir une émission à proposer à la ABC et aux investisseurs : il faut trouver autre chose que les vieux croquis d’Harper Goff et les dessins trop techniques de Marvin Davis. Un ancien directeur artistique et collègue de Dick Irvine, Herb Ryman, qui avait quitté les studios dans les années quarante pour rejoindre Twentieth Century Fox répond à l’appel de Walt. Il le rejoint en un quart d’heure aux portes des studios pour un entretien dans le bungalow de la WED (qui maintenant est surnommé Bâtiment Zorro). Il lui explique le concept de Disneyland et lui fait part du voyage de Roy. Quand Ryman demande à voir les croquis, Walt lui dit : « Tu vas faire les croquis ». Son interlocuteur objecte immédiatement. Désemparé, Walt lui demande s’il accepte de les faire s’il reste avec lui pour le superviser. L’autre finit par opiner. Pendant quarante-deux heures, entre le samedi et le dimanche, Herb dessine des rendus du futur parc. Il finit à temps pour que Davis et Irvine s’occupent de la coloration et aient le temps de les envoyer à Roy, à New York.

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Disney avec Donald dans The Donald Duck Story.

Malheureusement, après la présentation de Roy, ABC dit qu’elle ne peut pas supporter un investissement aussi lourd que Disneyland. C’est encore une chaîne toute jeune, et la plus faible de ses concurrentes. Mais Leonard Goldenson, le PDG, sait qu’il a besoin de Disney et que Disney a besoin de la ABC. En février 1952, les espoirs de Walt d’ouvrir le parc en 1955, comme cela était originellement prévu, sont maigres. Goldenson se souvient d’un homme appelé Karl Hoblitzelle avec qui il avait jadis travaillé, qui habite dans le Texas. Ce dernier accepte après négociations, de lui prêter cinq millions de dollars, ce que les banques ne veulent pas lui céder, trop incertaines quant au projet de Disney. Le 2 avril 1954 ést décidé que contre les fonds nécessaires à la construction de Disneyland, ABC aurait trois saisons de son programme télévisé. Après estimations de la SRI, le parc coûterait cinq millions deux cent cinquante mille dollars. Le 1er mai, Disneyland est annoncé au public.

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Carton de titre de la première émission de la série Disneyland.

Encore faut-il élaborer cette série. Le but étant de promouvoir Disneyland, l’idée serait par exemple de diffuser un documentaire sur le tournage des C’est La Vie pour Adventureland, ou une partie vantant le Western pour Frontierland, etc… Walt ne veut pas que ça ne soit qu’un mix d’extraits de classiques et de courts métrages, ou les gens penseraient que l’émission est un simple recyclage de vieux produits Disney. Bill Walsh et Bill Anderson se chargent du programme. On y verrait des documentaires de tournage et des vues du parc comme prévu ainsi que des courts métrages faits spécialement pour la télévision. Le premier épisode est bien reçu. Il voit d’abord Walt décrivant son rêve de Disneyland, puis un reportage sur Mélodie du Sud. La deuxième partie se compose de L'Avion fou, Les Revenants solitaires et L'Apprenti sorcier.

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Disney avec deux de ses principales créations : Mickey et Donald.

Les responsables avaient justement fait ce que Walt ne voulait pas : recycler de vieilles productions. Toutefois, le public et les sponsors sont très enthousiastes. Durant la première saison de sa diffusion, le programme attire chaque mercredi soir cinquante pourcents de l’audimat. Disney avait créé la première émission structurée et à grosse production de la télévision, et elle plaisait à toute la famille.

À chaque fois qu’il doit tourner une scène de Disneyland, Walt se dit terrifié. Il crée un personnage qui devient bientôt aussi célèbre que Mickey, et c’est lui-même. L’Oncle Walt ést parfait, il est calme, chaleureux, il ne boit ni ne fume jamais – contrairement à Walt, qui est un grand fumeur. Désormais, tout le monde le reconnait quand il est en déplacement, alors il fait de son mieux pour véhiculer la bonne image qu’on a de lui. Il est devenu célèbre auprès du grand public en tant qu’homme et plus uniquement en tant que nom.

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Carton de titre des aventures de Davy Crockett.

Disneyland doit contenir Frontierland, le monde du passé et des westerns. On discute des possibilités de programmes pour promouvoir celui-ci, et c‘est à la grande joie de Walt que Davy Crockett est choisi. Au début, on pense qu’il y aurait trop de combats contre les Indiens, mais le scénario laisse finalement assez de place à l’intrigue. La première diffusion de l’épisode un a lieu le 5 décembre 1954, et c’est immédiatement un immense succès. Ce qui caractérise la série est notamment la chanson d’introduction : The Ballad of Davy Crockett. Elle devient une ode au patriotisme, rappele aux Américains leurs héros du passé. Ce phénomène ressemble à celui de Qui a peur du grand méchant loup. Le héros, joué par Fess Parker, devient également aussi connu que Mickey, Blanche-Neige et Cendrillon. D’énormes quantités de produits dérivés sont liquidées, ce qui n’est comparable chez Disney qu’avec le boom des goodies Mickey dans les années trente.

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Disney dans À la conquête de l'espace, épisode de la série Tomorrowland.

Walt ést aussi tourné vers l’avenir, c’est pourquoi Tomorrowland se doit d’avoir sa série. C’est là le rôle de Man in Space qui est lancé le 9 mars 1955, soit deux ans avant le premier homme dans l’espace et la mission Spoutnik. Avec la coopération de trois scientifiques, les directeurs de programme créent un épisode dédié aux énergies atomiques, du nom de Our Friend the Atom.

Pendant ce temps, Roy est mécontent de la RKO, qui distribue les films Disney depuis dix-huit ans déjà. Il juge que la société est trop souvent réticente (notamment pour les C’est la vie) et qu’elle ne met pas assez l’accent sur la publicité. Ne trouvant rien qui ne puisse le convaincre, il se tourne vers une autre option : distribuer soi-même les films des studios. La création de Buena Vista, une filiale des Walt Disney Studios, rompt le contrat avec RKO. Le premier film dont la nouvelle branche des studios fait la promotion fut Désert Vivant, un C’est la vie. Il rapporte dix fois plus que la somme investie.

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Disney en compagnie de membres du Mickey Mouse Club.

Un dernier programme doit s’afficher sur le petit écran, mais contrairement à l’émission Disneyland, il y serait cinq jours par semaine, et c’était le Mickey Mouse Club. Les épisodes se déroulent selon un schéma préétabli : d’abord, il y a un journal télévisé pour enfants, ensuite un talent show, suivi d’un serial des Hardy Boys, et ils se terminent par un cartoon classique. Des enfants doivent être invités pour chaque émission, ils porteraient des chapeaux en forme d’oreilles de Mickey et seraient appelés les Mouseketeers. Les adultes qui encadrent le programme sont les Moosketeers. Une chanson de Jimmie Dodd, The Mickey Mouse March, ouvre chaque épisode. Le show est diffusé à partir d’octobre 1955. Mais Walt est affairé à d’autres projets, et la réalisation laisse à désirer, car la préparation est le plus grand défaut du Mickey Mouse Club. L’équipe discute du programme le matin, écrit une chanson dans les alentours de la mi-journée et tourne l’après-midi. Même si l’émission est loin derrière les standards de qualité Disney habituels, elle plaît aux plus jeunes, et elle réussit tout de même à trouver son public.

Concrétisation du projet Disneyland[]

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Disney présentant une émission de Disneyland.

Walt est obnubilé par Disneyland, c’est ça son rêve, la télévision est juste un moyen d’y parvenir. Il y pense tous les jours et tout le temps, si bien que c’en devint le seul projet dans lequel il s’investit vraiment. Dans le bungalow de la WED se trouvent désormais des tas de plans et de modèles réduits sur toutes les surfaces. Walt envoie des employés visiter toutes sortes de parcs, de musées, de jardins, et sollicite des patrons de parc d’attractions. Tous disent que Disneyland est voué à l’échec.

Cela importe peu pour Walt. À vrai dire il ressort toujours heureux de ces réunions. C’est un optimiste, et il aime avoir à faire ses preuves une fois de plus. Car en fait l’avis des experts ne l’intéresse pas. Il cherche des jeunes gens motivés et qui apprendraient, même s’ils font des erreurs. Le directeur général du parc est C. V. Wood, un homme de trente-trois ans qui travaillait avant à la SRI, la Stanford Research Institute (l’organisme qui s’était occupé des études de faisabilité de Disneyland).

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Disney montrant des plans de Disneyland à des officiels du comté d'Orange en décembre 1954.

La construction débute le 12 juillet 1954. Les équipes ont un an pour terminer Disneyland selon la volonté de Walt. C’est Joe Fowler qui est désigné pour superviser les travaux. Fowler est un amiral retraité de la US Navy, et même s’il disait que le projet de Walt était insensé, sa réputation de « faiseur de miracles » n’était plus à refaire. Le chantier est frénétique et Walt aime s’y promener, surveiller les travaux, parcourir chaque chemin pour faire ses remarques.

Quand 50% du budget est dépensé, Walt se plaint qu’il n’y a rien d’autre que des fondations partout et quelques rares murs. Il dit que tout l’argent est dépensé sous terre, qu’il ne restera plus rien pour le grand spectacle. Pendant ce temps, tout le monde s’active. Les émissaires envoyés un peu partout dans le pays cherchent les matériaux du parc : voitures d’Autopia, systèmes de Snow White’s Adventures et de Mr. Toad’s Wild Ride, une ménagerie complète pour Frontierland, un carrousel, et, surtout, un train.

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Disney sur le chantier de Disneyland.

Walt et Roy sont toujours en quête d’investisseurs supplémentaires. Ils demandent à de grandes compagnies (dont notamment Kellog, Pepsi-Cola, Coca-Cola, Ford et Goodrich) si elles sont intéressées par un parrainage de Disneyland. Nombreuses sont celles qui acceptent, à la surprise de Walt. Deux millions trois cents mille dollars supplémentaires sont ainsi collectés. Les chemins de fer Santa Fe Railroad sponsorisent le Disneyland Railroad ; American Motors, Circarama, un cinéma en 360°, Richfield Oil, Autopia, et bien d’autres. Toutefois, si Walt ne voulait au départ pas faire de concessions, le budget l’y force. C’est pourquoi certains projets sont avortés, comme Storybookland Canal Boats ou les bâtiments de Fantasyland, qui sont contraints à n’être que des préfabriqués avec une façade médiévale. Ou encore les arbres exotiques, qui ne peuvent pas arriver en aussi grand nombre que prévu.

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Maquette du parc Disneyland.

Walt pense aussi que les employés doivent être formés correctement, selon un strict code, par la Disney University. Car il ne s’agit pas là de travailler dans un parc d’attractions, mais de jouer un rôle, comme sur un plateau. C’est en fait un grand spectacle. Ceux qui seront plus tard nommés Cast Members doivent être souriants, et ne posséder ni barbe ni moustache. La propreté serait mise à l’honneur, contrairement aux autres parcs que Walt avait vus, où trainaient mégots et paquets de popcorn. C’est une utopie.

La date d’ouverture est fixée : le 17 juillet 1955. Il faut faire vite et bien, car à cause de la publicité diffusée pour le parc tous les mercredis dans l’émission Disneyland, les attentes du public sont grandes. Walt Disney aussi attend la concrétisation de son rêve avec impatience. Dès qu’une attraction ést terminée, il la teste en premier, aussi heureux qu’un enfant. Si elle lui plaît, il en ressort guilleret, sinon, il dit : « Réajustez ça et l’attraction sera de nouveau sur les rails. » Il inspecte aussi avec attention chaque bâtiment, chaque rebord de trottoir, chaque poubelle en griffonnant des notes sur un carnet. En test, il y invite des familles de certains des travailleurs des studios, ou des amis, et tous passent une journée sur le parc, agrémentée d’un barbecue. Walt Pfeiffer, qui était le meilleur ami de Walt durant son enfance, dit plus tard que ce fut fantastique.

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Le château de la Belle au Bois dormant achevé, en 1955.

Le trentième anniversaire de mariage de Walt et Lillian a lieu quatre jours avant l’ouverture, et il est décidé qu’il se déroulerait dans le parc. Ils en profitent pour inviter des proches, à qui Walt compte bien sûr présenter Disneyland. Finalement, ayant un peu trop bu, il finit la journée sur la place passager de la voiture, faisant semblant de souffler dans une trompette, en tenant une carte du parc enroulée dans les mains. La soirée qui suit se déroula sur le Hollywood Boulevard où plusieurs personnalités Disney sont conviées à une cérémonie de remerciements.

À la veille de l’ouverture, Walt décide soudainement qu’il veut une exposition des décors de tournage de Vingt mille lieues sous les mers, à Tommorrowland. Malheureusement, la pieuvre géante a été endommagée depuis les prises de vues. Il a donc fallu que Ken Anderson et Walt mettent un masque et se chargent de pulvériser de la peinture fluorescente sur le céphalopode, ce qui leur prend une grande partie de la soirée. Alors que tout le monde est anxieux, le grand enfant à l’origine du problème semble se réjouir. Il aime l’excitation.

1955–1966[]

Ouverture de Disneyland[]

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Walt Disney dans le parc Disneyland.

Disneyland ouvre comme prévu le 17 juillet 1955, même si la journée précédente avait été un véritable enfer pour tout terminer à temps. Quinze mille tickets d’entrée sont imprimés pour le premier jour, ce qui représente à peu près la capacité du parc. Mais on se rend vite compte qu’il existe des billets contrefaits, et autres combines, comme par exemple un homme qui a installé une échelle afin de passer par-dessus la barrière et offrait cinq dollars l’entrée. Les employés tentent tant bien que mal de réguler le flot de visiteurs en fermant les portes à intervalles réguliers, mais rien n’y fait. Ce premier jour, ce sont vingt-huit mille personnes qui se massent dans un Disneyland plein à craquer.

D’autres problèmes surviennent également. Les femmes qui portent des chaussures à talons hauts restent coincées dans l’asphalte de Main Street U.S.A., coulé il y a peu et ramolli par la chaleur. Parfois, alors qu’on avance sur un chemin, on remarque que celui-ci se termine mystérieusement sur une zone de terre non bâtie, car les moyens ou le temps ont manqué pour terminer cet espace. Walt fait sans cesse des aller-retour d’un bout à l’autre du parc et tente de faire face aux contretemps rencontrés.

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Disney avec Art Linkletter, dans une émission promouvant le parc Disneyland.

Une émission spéciale est diffusée à la télévision, devant soixante-dix millions d’Américains. On y voit successivement trois points de vue différents présentés par trois personnalités : Art Linkletter, Ronald Reagan et Robert Cummings. Disneyland, « l’endroit le plus heureux sur Terre », est ouvert au public. La fille de Walt, Diane Disney, dira plus tard qu’elle n’a plus jamais vu d’homme aussi heureux que son père ce 17 juillet 1955. Ce soir-là, il dîne avec Linkletter dans le patio de son appartement au-dessus de la Fire Station de Main Street en regardant (et contrôlant) le feu d’artifice.

Si beaucoup sont ravis du spectacle, certains journalistes désignent néanmoins le parc comme étant un échec monstrueux, mais ils sont minoritaires. C’est dans tous les cas un élément majeur de l’imaginaire américain d’aujourd’hui, à la fois un retour dans l’enfance, un plongeon dans le monde des dessins animés de Walt Disney, une combinaison savante de douce nostalgie des temps passés et des promesses fantaisistes du futur et un symbole de l’américanisme. Disneyland est un tel succès que sept semaines après l’ouverture, le 8 septembre 1955, on y accueille le millionième visiteur.

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Une allée de Disneyland dans les années cinquante.

Dès l’élaboration du parc, Walt ne cessait de s’exprimer avec un vocabulaire cinématographique à son sujet. Ainsi, c’était comme un film en trois dimensions : les bâtiments sont des décors ; les animations et les attractions, des shows ; les employés, des acteurs ; et l’ensemble un plateau de tournage où des invités seraient conviés. Certains éléments jouent avec les proportions. Par exemple, alors que le rez-de-chaussée d’une boutique de Main Street serait à une taille normale, le premier étage serait plus petit, et le dernier un peu plus encore, de sorte à économiser les matériaux tout en gardant une impression normale vue du sol, voire même de hauteur accrue. Il fut aussi acté assez tôt que la texture des sols changerait lors d’un passage d’un land vers un autre, pour faire ressentir une douce transition au visiteur.

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Disney devant le château de la Belle au Bois dormant de son parc Disneyland.

En fait Walt Disney voulait que ses visiteurs partagent sa vision idéale du monde, et qu’ils ressentent les différentes phases de sa vie, source d’inspiration pour la création du parc. Main Street était une idéalisation de Marceline, où il avait vécu durant son enfance. Frontierland représentait son patriotisme et Adventureland son goût pour l’inconnu et l’exotisme. Fantasyland était le pays de ses rêves et de son imagination, et Tommorrowland celui de l’innovation qui l’a toujours animée. Chaque monde était une partie de lui-même en quelques sortes. Disneyland représentait un monde où tout était maîtrisé, où les tracas du quotidien n’existaient plus. Comme dans ses dessins animés et ses films, il y avait ajouté une notion de contrôle importante à ses yeux qu’il s’était toujours efforcé à trouver.

Création de Walt Disney Records, production de courts métrages éducatifs et Jeux olympiques[]

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Disney dans A Tribute to Joel Chandler Harris.

En 1956, Walt Disney présente ses talents de conteur dans un documentaire. Ce dernier raconte la jeunesse de Joel Chandler Harris, auteur des histoires d'Oncle Rémus. Le documentaire est nommé A Tribute to Joel Chandler Harris. Il est diffusé le 18 janvier 1956 sur la chaîne documentaire ABC de Disneyland. Walt fonda, au cours de la même année, accompagné de Roy Disney et de Jimmy Johnson, le label Walt Disney Records (son nom de départ fut Disneyland Records). Ce label est une société filiale de The Walt Disney Company, son rôle étant de distribuer les productions musicales Disney.

Walt produit un grand nombre de courts métrages éducatifs traitant du programme spatial de l'Amérique. Il collabora en effet avec le concepteur de la fusée Saturn V, Wernher von Braun, travaillant pour la NASA. Ainsi, des courts métrages comme Man in Space, Man and the Moon (1955) et Mars and Beyond sont produits, et ce dernier sort en 1957. La même année, Disney rencontre Jim Henson, le créateur des célèbres marionnettes, les Muppets. Ensembles, ils créent les premiers personnages des Muppets.

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Donald dans Donald au pays des mathémagiques.

Deux ans plus tard, en 1959, c'est la sortie du court métrage Donald au pays des mathémagiques, il est conçu comme un programme éducatif et deviendra l'un des plus populaires réalisé par Disney. Ainsi, en 1960, le court métrage reçut l'Oscar du meilleur court-métrage documentaire. Walt Disney expliqua que ce dessin animé était un bon moyen pour stimuler l'intérêt. Walter Elias avait donc le plaisir de donner le goût d'apprendre aux spectateurs. Cette même année, la société WED Entreprises organise les cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux olympique d'hiver de 1960, s'étant déroulés à Squaw Valley du 18 février 1960 au 28 février 1960.

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Disney en compagnie de deux responsables des Jeux olympiques d'hiver 1960.

Walt Disney sera le président du « Comité des spectacles » durant ces Jeux. Il prévoit la cérémonie d'ouverture avec cinq mille artistes, la libération de deux mille pigeons et huit coups de canons. Pour les huit précédents Jeux olympiques d'hiver. La participation de la société WED Entreprises se remarqua aussi dans le décor ; ainsi, on pouvait voir des sculptures de neige, inspirées des sculptures des héros que l'on observait lors des Jeux olympiques anciens, en Grèce. Une tour de près de vingt-cinq mètres de haut arborant les drapeaux de chaque pays participant dut également dressée.

Une société devenue un empire[]

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Disney face à Mary Poppins.

En 1960, le premier producteur au monde de divertissements familiaux est l’empire de Walt Disney, les Walt Disney Productions. Pour ce qui est de la carrière de Walt, les sixties marquent son sommet. Le Mickey Mouse Club est un triomphe. Par ailleurs, sortent consécutivement les films d’animations tels que Les 101 Dalmatiens en 1961, Merlin l’Enchanteur en 1963 et Mary Poppins. Chaque film d’animation est adapté d’un livre, et est parfois mêlé avec quelques pincées de légendes de Chrétien de Troyes, comme dans Merlin l’Enchanteur. En 1964, après des années de lutte acharnée pour obtenir les droits du livre Mary Poppins de Pamela Travers, Disney les reçoit enfin, et c’est ainsi que sort le vingt-troisième long métrage d’animation des studios Disney, mélangeant prises de vues réelles et personnages animés.

Walt Disney World Resort ou « projet Floride »[]

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L'entrée de Walt Disney World Resort.

En 1964, Walt Disney propose le « Projet Floride », connu également sous le nom de Walt Disney World Resort. L’empire fondé par Walt Disney achète discrètement des terrains, au nom de sociétés écrans, au Sud de la Floride, au sud-ouest d’Orlando, dans une zone rurale où nous pouvons voir des plantations d’orangers. Grâce à sa notoriété, il réussit à modifier en sa faveur la législation de l’État pour avoir un contrôle quasi-gouvernemental sur les terrains achetés. Par ailleurs, avec la fondation du Reed Creek Improvement District en 1966, le projet « Walt Disney World Resort » commence petit à petit à se développer encore plus. Roy Oliver, le frère de Walt Disney, et celui-ci, montrent au public les plans du futur Walt Disney World Resort.

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Disney avec Ludwig von Drake dans une émission de Disneyland.

Selon les plans, le projet doit avoir une partie appelée Magic Kingdom (« Royaume Enchanté »), des parcours de golf et quelques hôtels. Le centre de Disney World doit se nommer The Experimental Prototype City (or Community) of Tomorrow (ou, en français, « La Cité Prototype Expérimentale de Demain »). Ce centre doit être conçu comme un genre de mini-ville, où les citadins peuvent vivre, travailler et agir en se servant de technologies conçues par des scientifiques pendant que ceux-ci développent et testent d’autres technologies qui ont pour but d’améliorer la vie et la santé de l’Homme. Cette partie du projet ne verra finalement jamais le jour.

Décès et hommages[]

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L'étoile de Walt Disney du Walk of Fame, sur Hollywood Boulevard.

Le 19 septembre 1966, durant une conférence de presse, Walt Disney révèle son travail sur le projet : Disney’s Mineral King Ski Resort. Le créateur paraît pâle et fébrile. Personne ne se doute que cette conférence sera l’ultime conférence de sa vie. A l’automne suivant, sa santé empire. Walt Disney arrête son investissement personnel dans le projet Disney World. L’été d’après, selon les médecins de l’hôpital St Joseph, situé tout près des Studios Disney, il sera atteint d’une tumeur cancéreuse dans le poumon gauche de ce fumeur.

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Stèle marquant l'endroit où repose Walt Disney.

Deux semaines après son anniversaire, le 15 décembre 1966, vers 9 heures 30 du matin, les médecins déclarent ouvertement la mort du créateur, décédé d’un cancer du poumon. Le lendemain, le 16 décembre donc, la crémation a lieu. Les cendres traversent tout le pays et reposent dans la crypte familiale, située au cimetière du Forest Lawn Memorial Park de Glendale, en Californie.

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Walt Disney avec une partie de ses Oscars.

Un an après sa mort, le dessin animé Le Livre de la Jungle, adapté du roman de Rudyard Kipling, sort au cinéma, en 1967 donc. Dernier film supervisé par Walt Disney en personne, nous pouvons lire dans le générique de fin un hommage au créateur.

Héritage et postérité[]

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Timbre américain de 1968 à l'effigie de Walt Disney.

Le succès de Walt Disney est incomparable et peut être résumé en deux réalisations : Blanche-Neige et les Sept Nains et le Parc Disneyland. La première démontre tout son génie artistique, car il ne s’agit ni plus ni moins que du tout premier long métrage d’animation de l’histoire du cinéma, dont le succès fut tel qu’il est considéré de nos jours comme l’un des films les plus populaires du XXème siècle, ouvrant par ailleurs la voie à des milliers d’autres longs métrages d’animation. Disney peut ainsi être considéré comme un pionnier, un homme audacieux qui a réussi à réaliser ses idées les plus folles. La deuxième illustre son talent d’entrepreneur et homme d’affaires. Aujourd’hui, Disneyland est la plus grande et la plus populaire attraction touristique privée au monde, et plusieurs parcs semblables ont ouvert en Europe et en Asie. Là aussi, Disney a agi en pionnier, étant le tout premier à se lancer dans la création de parcs à thèmes, un concept désormais largement répandu.

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Statue représentant Disney dans le parc Disneyland aux côtés de l'un des symboles de sa réussite : Mickey Mouse.

L’héritage laissé par Walt Disney est immense. Récompensé par 22 Oscars et 4 Oscars d’honneur – un record jamais égalé –, cet homme marqua profondément l’Amérique du XXème siècle, et représente à lui tout seul l’idéal américain, le self-made man, celui qui venait de rien pour devenir l’un des producteurs les plus puissants de l’histoire du cinéma. Walt a réussi à faire de l’entreprise créée dans la cave de son oncle un empire de loisirs et de média ; le petit studio d’animation des débuts s’est ainsi transformé en une multinationale milliardaire toujours aussi prolifique de nos jours. Disney, maître du divertissement, laissa derrière lui pas moins de vingt-trois longs métrages et des centaines de dessins animés et émissions de télévision. Son œuvre reste ainsi gravée dans l’inconscient collectif.

Généalogie[]

Marié à Flora Call (1868–1938) depuis le 1er janvier 1888, Elias Charles Disney (1859–1941) a cinq enfants avec celle-ci :

  • Herbert Arthur Disney (1888–1961), marié à Louise R. Rast, avec laquelle il a une fille :
    • Dorothy Disney (1915–2007), femme de Glenn D. Puder (1911–2011), et mère de David, Paul et Linda Puder.
  • Raymond Arnold Disney (1890 - 1989), époux de Meredith A. (1907–1998), de laquelle il obtient deux fils :
    • Charles Elias Disney (1940–?), mari de Mary Elizabeth O'Brien, avec laquelle il est le parent d'un fils :
      • Charles Roy Disney (1969–1972).
    • Daniel Harwood Disney (1956 ; adopté).
  • Roy Oliver Disney (1893–1971), époux d'Edna Francis (1890–1984), qui lui donne naissance à un fils :
    • Roy Edward Disney (1930–2009), d'abord marié à Patricia Ann Dailey (1935–2012) de 1955 à 2007, puis à Leslie DeMeuse de 2008 à 2009. Il est le père de quatre enfants, qu'il a eu avec sa première femme :
      • Roy Patrick Disney (1957).
      • Susan Disney Lord (1958).
      • Abigail Disney Hauser (1960).
      • Timothy
«  Tom  »

Disney (1961).

  • Walter Walt Elias Disney (1901–1966), mari de Lillian Marie Disney (1899–1997), et père de deux filles issues de cette union :
    • Diane Marie Disney (1933–2013), femme de Ronald William Miller (1933), avec qui elle a sept enfants :
      • Christopher Disney Miller (1954).
      • Joanna Sharon Miller (1956), mariée à Louis J. Runeare (1951) depuis le 16 décembre 1978, avec lequel elle a deux enfants :
        • Nicholas Carcido Runeare (1981).
        • Sebastian Disney Runeare (1989).
      • Tamara Diane Miller (1957), épouse de Grant Scheer.
      • Jennifer L. Miller (1960), femme de Robert A. Goof (1959) depuis le 29 juin 1985.
      • Walter Elias Disney Miller (1961).
      • Ronald William Miller, Jr. (1963).
      • Patrick D. Miller (1967).
    • Sharon Mae Disney (adoptée ; 1936–1993), épouse de Robert Borgfeldt Brown (1928–1967) du 10 mai 1959 au 14 septembre 1967, puis de William S. Lund en 1968 (divorce). Elle a trois enfants de ses deux unions :
      • Victoria Brown (1966–2002).
      • Brad et Michelle Lund (1970).
  • Ruth Flora Disney (1903–1995), femme de Theodore Charles Beecher (1906 - 1995), avec qui elle a un fils :
    • Theodore Warren Beecher (1940–2009), mari de Carolyn Faye Boggs (1944–2012), avec laquelle il a trois enfants :
      • Pamela, Daniel et William Beecher.

Personnalité[]

Caractère[]

Tout jeune déjà, Walt Disney est perçu comme un enfant optimiste, facétieux et extraverti, parfois naïf même, selon son grand frère Roy. Il est décrit comme un jeune blagueur qui aime amuser la gallerie, et un amateur de nature et de dessin. C'est aussi une personne réceptive qui sait écouter et donner une attention toute particulière à quiconque parle avec lui, si bien qu'il est très tôt celui qui se souvient des anniversaires de tous les membres de la famille, et leur réserve toujours une surprise. Plus tard dans sa vie d'adulte, il avoue qu'il faisait tout pour attirer l'attention.

Relations[]

Famille[]

Elias Disney (père)[]

Le père de Walt Disney, Elias, était un homme modeste tant dans son comportement que dans ses moyens financiers. Face au besoin de subvenir à une famille de cinq enfants, il n'avait d'autre choix que de travailler dur et de mener un train de vie relativement ascétique. Malgré l'éducation sévère qu'il réserva à Walt et le reste de sa progéniture, il n'en restait pas moins préoccupé par leur bien-être et leur avenir. C'est en effet par peur que ses enfants ne deviennent des délinquants qu'il décide de faire déménager la famille à Marceline, Missouri, l'endroit dont Walt se souviendra toujours comme une part cruciale de sa jeunesse. Toutefois, malgré tous ses efforts, Elias ne connut jamais de franc succès dans les activités qu'il entreprît au cours de sa vie. Les enfants Disney se souviennent d'un quotidien frugal instauré par leur père, qui n'autorisait pas qu'on beurre le pain du matin, pour réaliser des économies; en conséquence de quoi Flora (sa femme) les invitait à beurrer l'autre côté de la tartine. Cette volonté de contrôle sur les ressources familiales s'exerçait de fait sur tout ce qu'entreprenaient les enfants Disney. Toute rémunération devait passer par Elias car lui saurait, selon ses mots, mieux s'en servir. C'est cette attitude qui causa le départ des deux grands frères, Herbert et Raymond Disney, qui fuguèrent un soir avec toutes leurs économies pour vivre à Chicago.

Après la vente de la ferme et le départ pour Kansas City, où Elias acheta une route de livraison pour un journal local très populaire, sa gestion autocratique de la famille empira selon les témoignages de Walt. Il mit ses enfants à profit en tant que livreurs de journaux, en donnant un petit pécule à Roy, mais rien à Walt, qui avait alors neuf ans. Elias avait peur de décevoir le journal, qui ne lui avait que frileusement vendu la route, pensant que le père de famille était trop vieux pour faire du bon travail. En conséquence, il exigeait beaucoup plus de zèle de la part de ses enfants que ce qui était habituellement attendu des autres garçons qu'Elias avait embauchés, forçant Walt à repasser derrière ces derniers lorsque le travail n'était pas fait consciencieusement, ou que des maisons avaient été oubliées. Ceci dit, au bout de la deuxième année, il accepta d'acheter un vélo à son fils pour faciliter la tâche. Le travail n'en restait pas moins éreintant, car il fallait se lever très tôt et affronter la neige en hiver, ce qui épuisait l'enfant. Walt en voulut toute sa vie à son père de ne pas l'avoir rémunéré pour ce travail, car cela le forçait à cumuler d'autres petits boulots pour avoir de l'argent de poche dans le dos d'Elias, ce qui revenait à dormir et se divertir très peu. A la route s'ajoutait aussi l'humiliation: elle ne suffisait même pas à subvenir aux besoins de la famille, et Walt devait vendre des glaces, de la nourriture ou des billets de cinéma sur le chemin. Il fit des cauchemars à propos de la route jusqu'à l'âge adulte. Néanmoins, Walt reconnut des années plus tard que la route du journal l'aida à forger son caractère, et lui apprit à consacrer tout son temps libre à ses hobbies. Ruth Disney, la benjamine de la famille, rappelait que si Walt se plaisait à dépeindre un portrait exagéremment sévère de leur père, tout n'était pas si noir et la fratrie n'avait jamais manqué de confort, de joie de vivre ou même de quelques extravagances. Walt lui-même racontait que son père, bien qu'étant peu réceptif à l'humour, pouvait en de rares occasions se laisser attendrir par les pitreries de son fils et riait alors jusqu'à avoir les larmes aux yeux.

Ce ressentiment ne fit que grandir lorsque Walt devenait adolescent. Les tempéraments du père et du fils était aux antipodes, rappelant probablement à Elias son propre frère, qu'il jalousait. Si Walt était optimiste, blagueur, amusant et extraverti, Elias était sévère, réservé et acariatre. Walt Pfeiffer, un ami d'enfance de Walt Disney à Kansas City, disait d'Elias qu'il n'aimait rien qui ressemblait à du divertissement, et était très pieux. De plus, il aspirait à inculquer cette morale stricte à ses enfants: ne jamais boire, ne jamais fumer, ne jamais jurer, craindre Dieu, et respecter le père de famille. Sur ce dernier point, il faut préciser qu'Elias était aussi impulsif que volcanique lorsqu'il s'agissait de corriger sa progéniture, et qu'il n'hésitait pas, comme le voulaient probablement les moeurs de l'époque, à les battre lorsqu'ils désobéissaient. Walt disait ne lui parler que très rarement car il en avait peur, en ajoutant qu'il ne servait à rien d'argumenter lorsqu'il était en colère, cela ne faisant que l'énerver davantage. Ruth Disney, elle, minimisait les propos de son frère, en défendant que si leur père avait un fort caractère, il le compensait par tout le reste. Nonobstant, les déceptions subies par Elias ayant conduit à la vente de la ferme à Marceline semblaient l'avoir rendu encore plus irrascible. Elias devenait de plus en plus rude, se fermant même au violon, sa seule distraction, et continuant d'être frugal et taciturne: il refusait de devoir de l'argent à qui que ce soit, et insistait toujours à "prendre soin" de celui gagné par ses enfants. De même, son impatience vis-à-vis de Walt se fit de plus en plus marquée, à l'aûne des coups reçus par l'enfant pour la moindre erreur lorsqu'ils travaillaient sur l'extension de la maison, ou des séances d'apprentissage du violon, qui finissaient en un intense dégoût mutuel.

La situation changea drastiquement lorsque Walt avait quatorze ans, et qu'il parvint à prendre physiquement le dessus sur son père avant que ce dernier ne réussisse à lever la main sur lui. Il retira le marteau des mains de son père, et lui tint les deux bras, le rendant incapable de frapper. Elias pleura de son impuissance à faire autorité au sein de la dernière chose sur laquelle il avait du contrôle: sa famille. Il ne toucha plus jamais à Walt.

Flora Disney (mère)[]

Traditionnellement, Flora agissait comme la quille d'un bateau: elle s'assurait que la famille garde la tête hors de l'eau et soit stable. Elle s'occupait des finances engrangées par Elias, et prodiguait les repas, fabriquait les vêtements. Elle prenait soin des enfants et les encourageait à s'instruire. Son caractère était égal, et tous les témoignages la décrivent comme une femme et une mère aimante, seule capable de calmer le caractère orageux de son mari, et d'en protéger ou rassurer les enfants. Walt ne l'évoquait qu'en belles paroles, bien qu'il confia ne pas pouvoir lui dire de secret, car elle les racontait immédiatement à Elias.

Herbert et Raymond Disney (frères aînés)[]

Les deux aînés de la famille, surnommés Herb et Ray, n'ont jamais été proches de leurs cadets, et quittèrent la maison quand ces derniers étaient encore jeunes. Walt les décrivit ultérieurement comme des 'étrangers tout au long de sa vie'. Peu de sources les décrivent de manière extensive. Il semblerait principalement qu'ils partageaient avec Walt un fort ressentiment envers le père de famille, Elias, et son attitude autoritaire. Ils quittèrent le domicile familial de Marceline un soir, après qu'Elias ait voulu s'approprier l'argent qu'ils avaient gagné pour financer la ferme au lieu de les laisser s'acheter une montre. Cette rupture laissa des stigmates profonds au travers de la famille. Les peu de contact que les deux frères avaient encore avec Walt par la suite se faisaient surtout par des visites ponctuelles mais jamais apaisées. D'autres interactions visaient surtout à provoquer Elias. C'était le cas lorsqu'ils envoyèrent à Roy et Walt leurs anciens vêtements devenus trop petits, mais glissèrent du tabac dans les poches.

Roy O. Disney (frère cadet)[]

Walt décrivait son frère Roy comme son protecteur au sein de la famille. Rien ne semblait les rapprocher: Roy était plus vieux que Walt de huit ans, et n'était pas du tout aussi extraverti ou farceur que son petit frère. Pourtant, les deux étaient très proches, conduisant Walt à le regarder parfois comme un père de substitution et un confident, à qui il pouvait tout raconter au lit une fois la nuit tombée. Cette alliance apportait du soutien à Walt, et Roy assumait ce rôle pleinement en se dédiant souvent à son frère (et sa soeur Ruth): jouant avec lui, l'emmenant au magasin de bonbons, lui achetant des jouets grâce à son salaire en tant qu'employé à la banque. Roy décrivit plus tard que Walt était trop naïf, et avait besoin que quelqu'un le protège. Mais il est probable que Roy avait aussi besoin de Walt pour compléter ce qui lui manquer: cette ouverture innée vers le monde et les autres.

Ruth Disney (soeur benjamine)[]

Amis[]

Walt Pfeiffer[]

Ami d'enfance de Walt à Kansas City, ils formaient un duo surnommé "les deux Walt". Tout comme Disney, Walt Pfeiffer était un jeune très gai et farceur. Sa famille toute entière était passionnée par le théâtre, la comédie et la musique; elle était une échappatoire pour Walt Disney. Ensemble, ils montaient des pièces pour leurs camarades, chantaient, se déguisaient et allaient voir tous les films de Charlie Chaplin plusieurs fois, pour en étudier la technique et mieux imiter l'acteur et son nemesis: Le comte, joué par Pfeiffer.

En coulisses[]

Filmographie sélective[]

Walt Disney est à l'affiche de nombreuses productions principalement des animations de ses propres studios comme producteur essentiellement, mais aussi en tant qu'acteur, réalisateur ou scénariste. On peut dégager une liste des principaux films auxquels il a participé :

Distinctions[]

Walt Disney détient le record des récompenses aux Oscars du cinéma avec 22 dans des catégories en compétition et 4 en l'honneur de ses contributions :

  • 1932 : Oscar du meilleur court métrage d'animation pour : Des arbres et des fleurs (1932)
  • 1932 : Oscar d'honneur pour : création de Mickey Mouse.
  • 1934 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Les Trois petits cochons (1933)
  • 1935 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Le Lièvre et la Tortue (1934)
  • 1936 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Trois petits orphelins (1935)
  • 1937 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Cousin de campagne (1936)
  • 1938 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Le Vieux Moulin (1937)
  • 1938 : Oscar d'honneur pour : Blanche-Neige et les Sept Nains (1937), formé de 8 statuettes, une grande et 7 petites, en hommage au film.
  • 1939 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Ferdinand le taureau (1938)
  • 1940 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Le Vilain Petit Canard (1939)
  • 1940 : Oscar d'honneur pour : Fantasia (1940)
  • 1942 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Tends la patte (1941)
  • 1943 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Der Fuehrer's Face (1942)
  • 1949 : Oscar du meilleur court métrage d'action sur deux bobines pour : L'Île aux phoques (1948)
  • 1949 : Irving G. Thalberg Memorial Award
  • 1951 : Oscar du meilleur court-métrage d'action sur deux bobines pour : La Vallée des castors (1950)
  • 1952 : Oscar du meilleur court-métrage d'action sur deux bobines pour : La Terre, cette inconnue (1951)
  • 1953 : Oscar du meilleur court-métrage d'action sur deux bobines pour : Les Oiseaux aquatiques (1952)
  • 1954 : Oscar du meilleur film documentaire pour : Le Désert vivant (1953)
  • 1954 : Oscar du meilleur court métrage documentaire pour : The Alaskan Eskimo (1953)
  • 1954 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Les Instruments de musique (1953)
  • 1954 : Oscar du meilleur court-métrage d'action sur deux bobines pour : Au pays des ours (1953)
  • 1955 : Oscar du meilleur film documentaire pour : La Grande Prairie (1954)
  • 1956 : Oscar du meilleur court-métrage documentaire pour : Men Against the Arctic (1955)
  • 1959 : Oscar du meilleur court métrage de fiction pour : Grand Canyon (1958)
  • 1969 : Oscar du meilleur court-métrage d'animation pour : Winnie l'ourson dans le vent (1968)

Notes et références[]

  • Flora O'Brien : Walt Disney's Mickey Mouse : His Life and Times.
  • Dave Smith : Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia.
  • Christopher Finch : The Art Of Walt Disney - From Mickey Mouse To The Magic Kingdoms.
  • Steven Watts : The Magic Kingdom.
  • Christopher Finch : L'Art de Walt Disney de Mickey à Mulan.
  • Bernice Selden : The Story of Walt Disney, Maker of Magical Worlds.
  • Christopher Finch : Notre Ami Walt Disney.
  • Bob Thomas : Walt Disney, an American original.
  • Neil Sinyard : The Best of Disney.
  • Steven Watts : The Magic Kingdom.
  • Russel Merritt and J.B. Kaufman : Walt Disney's Silly Symphonies.
  • Leonard Mosley : The Real Walt Disney, A Biography.
  • Sébastien Roffat : Animation et Propagande.
  • Frank Thomas et Ollie Johnston : The Disney Villain.
  • Michael Barrier : The Animated Man: A Life of Walt Disney.
  • Richard Schickel : The Disney Version.
  • John G. West : The Disney Live-Action Productions.
  • Leonard Mosley : Disney's World - A Biography by Leonard Mosley.
  • Le Figaro hors-série : Disney, passeur d'histoires.
  • Sarah Colt : Walt Disney - les deux parties.
  • site internet officiel d'O-Zell: The Walt Disney Birthplace
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